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Producteur de spiruline, le super-aliment qui décolle

Ludovic Bzdrenga s’est installé comme producteur de spiruline, après avoir été chef de culture puis conseiller maraîcher. Un secteur en développement, porté par l’intérêt des consommateurs pour ce « super-aliment ».

Quand il s’est installé en 2015 comme producteur de spiruline, Ludovic Bzdrenga avait déjà une certaine expérience de la production. Après avoir été chef de culture muguet pendant cinq ans, il a travaillé six ans comme conseiller maraîcher au Groupement de développement maraîcher de la Chambre d’agriculture de Vendée. « Au fond de moi, j’avais toujours l’idée de m’installer, explique-t-il. En cherchant des solutions pour chauffer les abris maraîchers, j’ai découvert les premières installations en Vendée de production de spiruline, une algue microscopique très riche au plan nutritionnel, dont la consommation est en forte augmentation en France et dans le monde. Ce qui m’a intéressé tout d’abord, c’était la possibilité de s’installer sur une petite surface puisque 350-400 m² de bassin suffisent pour assurer un revenu. Il y avait aussi du potentiel de développement. En 2015, 90 % de la consommation française de spiruline était importé des Usa, d’Inde ou de Chine. Et les premiers échos étaient qu’il n’y avait de problème de commercialisation. » En 2013, il suit donc la seule formation existante à l’époque pour la production de spiruline au CFPPA d’Hyères, dans le Var, département le plus avancé dans cette production. Puis après un stage en Savoie, il s’installe sur un terrain de 2,2 ha à Saint-Georges de Montaigu, en Vendée.

Production en eau douce

Aujourd’hui, Ludovic Bzdrenga exploite trois bassins de production de spiruline de 160 m². Les bassins sont installés sous un bitunnel JRC simple paroi de 960 m². «En dessous de 20°C, la spiruline se maintient, même quand il gèle, mais ne se développe pas, explique le producteur. Elle commence à se multiplier à partir de 20°C. A 35°C, sa biomasse peut augmenter de 25 % par jour. Avec 10 cm de milieu de culture, les bassins se réchauffent vite et il n’y a pas besoin de chauffer. » Le milieu de culture est constitué d’eau du réseau, l’usage étant considéré comme agroalimentaire et non agricole, de 8 g/l de bicarbonate de soude, 5 g/l de sel, d’azote, magnésium, phosphore, potassium… Il est régulièrement brassé grâce à des roues à aube. Les premières spirulines, généralement en place pour un, voire deux ans, ont été apportées sous forme de concentré récupéré chez un autre producteur. L’activité consiste essentiellement à réajuster le milieu de culture après analyse et à récolter et sécher les spirulines. La récolte s’étale de début avril à fin octobre. Le contenu du bassin est pompé et passe sur une toile de mailles 34 µm qui retient l’essentiel des spirulines. Le producteur récupère un concentré qu’il enveloppe d’un tissu et passe sous presse. Il façonne ensuite la pâte obtenue en filaments de 1,5 mm de diamètre qui sont mis à sécher pendant quelques heures dans un séchoir basse température (30-35°C), jusqu’à obtenir un produit à 7-8 % d’humidité. Une fois concassé, le produit se retrouve sous forme de vermicelles ou brindilles qui sont alors stabilisés et peuvent se consommer pendant deux ans. « La production est de 800 g à 1 kg/m² sur une saison, précise Ludovic. Avec 480 m² de bassin, je peux produire 480 kg de spiruline. » Tous les 50 kg, un échantillon est envoyé à un laboratoire pour des analyses bactériologiques et métaux lourds. « Ces analyses ont été définies dans un guide de bonnes pratiques d’hygiène qui est encore en cours de validation par l’Anses. Du fait de la présence de bicarbonate dans le milieu, celui-ci est toutefois très basique, avec un pH supérieur à 10, et donc très inhospitalier pour d’autres organismes que la spiruline. »

Vente dans un rayon de 30-35 km

Les brindilles sont conditionnées en sachets de 100 g. 60 % est vendu sur l’exploitation, qui adhère à Bienvenue à la Ferme et est ouverte chaque vendredi soir et lors de deux portes ouvertes par an. 10 % est commercialisé par internet, 10 % sur les marchés et foires et 20 % dans des magasins. « Le modèle français de la production de spiruline est essentiellement basé sur de petites unités exploitant moins de 500 m² de bassin et vendant en direct un produit séché, explique Ludovic. Sans vente directe, l’activité est difficilement rentable. »

Une microalgue riche en protéines et nutriments

La spiruline est une algue microscopique en forme de spirale, ou plus précisément une cyanobactérie, c’est-à-dire une bactérie réalisant la photosynthèse. Elle contient 65 % de protéines et est très riche en fer, vitamines (bêtacarotène, vitamine B, vitamine E), acide gamma-linoléique, calcium, magnésium… Elle est consommée pour accompagner l’organisme dans son quotidien et pour sa richesse en protéines. Elle se consomme en accompagnement d’un autre aliment (pain, yaourt, compote, crudités, potages, jus de fruits…).

Une filière qui se structure

La spiruline vit à l’état sauvage dans certains grands lacs profonds d’Inde, d'Afrique et d'Amérique du Sud, où elle était traditionnellement récoltée et consommée sous forme de galettes. Le début de son exploitation date des années 1960-1970, avec d’une part l’implantation dans certains pays (Usa…) de fermes géantes pouvant atteindre 100 ha, avec bassins à ciel ouvert, séchage en usine et vente sous forme de poudre ou comprimés, et d’autre part l’installation dans les pays en voie de développement de petites unités pour lutter contre la malnutrition. En France, la production a débuté il y a 20 ans, dans l’Hérault et le Var, où de nombreuses serres se sont trouvées disponibles suite à la baisse de la production de fleurs. Aujourd’hui, la Fédération des Spiruliniers de France (FSF), créée en 2010, regroupe une centaine de producteurs un peu partout en France pour une production estimée à 30 t/an. La majorité exploite de petites unités en vente directe et commercialise un produit séché considéré comme un aliment, à la différence des comprimés considérés comme des compléments alimentaires. Si les spiruliniers ont le statut d’exploitant agricole, ils bénéficient depuis 2015 d’aides européennes reliées à l’aquaculture et ne sont plus dans le dispositif agricole. L’activité est en fort développement, avec actuellement une quarantaine de porteurs de projets recensés par la FSF. Des installations plus importantes avec chauffage des serres, certaines associées à de la méthanisation ou orientées sur la vente du produit frais commencent également à apparaître. Au niveau de la production, les techniques et le matériel s’améliorent (tunnels à double-paroi pour plus d’inertie, filtres à tambour, presse sous vide…). Si jusqu’en 2018, les spiruliniers n’avaient aucun mal à commercialiser leurs produits, certains toutefois rencontrent aujourd’hui quelques difficultés. « Avec l’engouement pour les « super-aliments », les laboratoires proposent de plus en plus de comprimés de spiruline, à base essentiellement de produits importés, ce qui peut concurrencer la production locale », analyse Ludovic Bzdrenga. La FSF travaille donc avec l’Afnor sur la normalisation de la spiruline. Un autre travail engagé en lien avec la Fnab et l’Inao, est l’établissement d’un cahier des charges bio.

Parcours

2000 : BTS productions horticoles

2004 : diplôme d’ingénieur de l’INH d’Angers

2004 à 2009 : chef de culture muguet aux Serres des 3 Moulins (44)

2009 à 2015 : conseiller maraîcher au Groupement de développement maraîcher (GDM)

2013 : première formation à la production de spiruline

2015 : installation comme exploitant agricole aquaculteur

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