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Métam-sodium : les maraîchers nantais expliquent leurs pratiques

Le jour même où était publié l’arrêté gouvernemental suspendant l’utilisation du métam-sodium jusqu’au 31 janvier 2019, la Fédération des maraîchers nantais tenait une conférence de presse sur le sujet.

De gauche à droite : Brigitte Pelletier, directrice du CDDM, Bertrand Redureau, producteur, Philippe Retière, président de la Fédération des maraîchers nantais, Cyril Pogu, producteur, référent plein champ à la Fédération des maraîchers nantais.
© V. Bargain

« Depuis les incidents survenus en Maine-et-Loire, où des personnes ont été incommodées suite à des applications mal contrôlées de métam-sodium, nous ne nous étions pas exprimés, a déclaré Philippe Retière, président de la Fédération des maraîchers nantais, vendredi 26 octobre. Il nous a paru opportun de le faire car nous avons une certaine expertise en la matière et pouvons apporter des solutions. » Face aux médias, notamment grand public, très nombreux, les maraîchers ont expliqué leurs pratiques. Si le métam-sodium est utilisé dans toute la France, comme dans d’autres pays, et pour de nombreuses cultures (mâche, carotte, poireau, plants de fraisier, asperge…), la Loire-Atlantique est particulièrement concernée, avec près de 1000 ha désinfectés chaque année au métam-sodium, pour 300 ha à la vapeur, par solarisation ou grâce aux engrais verts. Objectif : assainir les dix premiers centimètres de sol en vue de la préparation des semis de légumes à haut niveau d’exigences sanitaires, notamment de la mâche.

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« Le métam-sodium est un produit solide, soluble à l’eau, qui au contact du sol se transforme par hydrolyse en quelques heures en composé soufré, le MITC, a expliqué Brigitte Pelletier, directrice technique du Comité départemental de développement maraîcher (CDDM). Seuls les applicateurs peuvent être exposés au produit, ce qui implique le port d’EPI. Le MITC, gaz que l’on retrouve dans les oignons, les poireaux, les échalotes, le raifort... et qui fait pleurer, est détectable quelques heures dans l’air si l’application est mal contrôlée. Il est ensuite dégradé en quelques heures par les micro-organismes du sol en ammoniac, CO2, hydrogène sulfuré et sulfure de carbone et au final en azote, CO2 et sulfate. Il n’y a donc aucun résidu. »

Des surfaces ne seront pas semées

« Le métam-sodium est donc écologiquement très intéressant », a souligné Philippe Retière. Le produit est injecté dans le sol par un matériel spécifique, le sol étant immédiatement refermé par lissage grâce à un rouleau et par arrosage intégral. Ce n’est que lorsque le sol n’est pas correctement refermé, notamment comme cela s’est passé en Maine-et-Loire en cas de sol très sec et chaud, que le MITC peut éventuellement s’échapper, s’accompagnant d’une forte odeur de soufre. En Loire-Atlantique depuis 1999, et en Maine-et-Loire plus récemment, des arrêtés départementaux précisent les conditions d’application du métam-sodium. Depuis 2000, tous les décideurs et applicateurs de Loire-Atlantique utilisant le métam-sodium doivent de plus suivre une formation spécifique, avec mise à jour tous les cinq ans. Suite aux incidents survenus en Maine-et-Loire, un contrôle des 200 exploitations de Loire-Atlantique a été engagé par la préfecture. « Nous souhaitons pouvoir travailler avec les administrations concernées pour remettre à plat les conditions d’utilisation du métam-sodium, a insisté Philippe Retière. Il y a peut-être des améliorations possibles sur les points de vigilance, la formation. Mais il y a aussi des incidences très importantes pour la production. »

Si une autre substance, le DMDS, est en cours d’évaluation au niveau européen pour la désinfection des sols, « elle est beaucoup plus odorante que le métam-sodium » a précisé Brigitte Pelletier. Et si la désinfection vapeur est très efficace, le temps qu’elle nécessite (40 h/ha), son coût (4000 €/ha contre 2000 €/ha pour le métam sodium) et le manque de matériel limitent son utilisation. Les désinfections en Loire-Atlantique se faisant essentiellement de septembre à novembre et les maraîchers cette année ayant en partie décalé leurs interventions dans l’attente de meilleures conditions climatiques, des parcelles ne pourront donc être désinfectées. Des surfaces ne seront pas semées et la production de légumes en Loire-Atlantique devrait diminuer, notamment pour la mâche. « Certains maraîchers prendront des risques mais des contrats ne seront pas honorés », prévoit Philippe Retière. 

 

 

 

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