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Dossier Abricot : La prise de risque des alternatives

Les solutions pour réduire l’utilisation des produits phytosanitaires existent en abricot, mais ces alternatives augmentent la prise de risque. Elles ont souvent un coût supérieur tant dans leur mise en œuvre que dans la perte de rendement commercial si la conduite du verger n’est pas revue.

Les modalités économes en intrants du projet Cap Red combinent plusieurs leviers pour réduire les phytosanitaires.
© CTIFL

« Des moyens existent pour réduire les intrants phytosanitaires en abricot, notamment sur les herbicides et insecticides, indique Muriel Millan lors de la Séance arbo à la Sefra en septembre dernier. En revanche la réduction des fongicides est beaucoup plus difficile sur fruits à noyau. » Dans les groupes Dephy ferme abricot, l’Indice de fréquence de traitement (IFT) a ainsi été réduit en moyenne de 40 % en cinq ans. Dans les projets expérimentaux Dephy, les baisses de l’IFT hors biocontrôle ont varié de -30 % sur le site de l’Inra de Gotheron dans la Drôme à -82 % sur le site du CTIFL de Balandran dans le Gard sur la campagne 2017.

 

 

Sur chacun des quatre sites expérimentaux, plusieurs leviers ont été combinés sur les modalités économes en intrants (ECO). « Le choix variétal est le levier le plus efficace pour réduire l’IFT, liste l’ingénieure. En second, ce sont les impasses et la substitution par des produits de biocontrôle (voir page 49, ndlr). En troisième, la réduction des doses grâce à une reconception du verger est une voie prometteuse. Vient ensuite la pose de bâches (voir page 50, ndlr). D’autres leviers comme le désherbage mécanique (voir page 52, ndlr), le greffage haut (voir p) ou la glu contre les forficules, sont efficaces mais ont un faible impact sur l’IFT total et sont coûteux à mettre en place. »

Des rendements inférieurs ou des coûts supérieurs

« Les systèmes ECO ont été globalement moins rentables que les systèmes en protection fruitière intégrée (PFI) », continue la spécialiste. Les déchets ont en effet augmenté de 25 % en moyenne sur les modalités ECO par rapport aux modalités PFI. Lorsque les vergers ont été conduits en gobelet à densité classique, les rendements commerciaux ont été inférieurs en moyenne de 30 % aux rendements des vergers PFI. « Le chiffre d’affaires du verger ECO de Balandran a été inférieur de 17 % par rapport à celui du verger PFI en 2017, avec des coûts de productions inférieurs de seulement 3 % », souligne Muriel Millan. Dans les modalités ECO à haute densité (entre 667 et 1 000 arbres/ha), les rendements commerciaux ont été supérieurs de 30 % à 90 % aux rendements des modalités PFI conduites en densité classique. « Sur le verger de Sud-expé Saint-Gilles (Gard), l’augmentation de 30 % des rendements commerciaux sur la modalité ECO a conduit à une différence positive de 8 % de son chiffre d’affaires en 2017 », détaillait l’ingénieure. Mais les coûts de production hors amortissement ont eux aussi augmenté, de 30 %. « Ce type de conduite coûte plus cher en installation, en main-d’œuvre et en mécanisation, notamment du désherbage », résumait l’expérimentatrice. « Reconcevoir les vergers en forme « haie fruitière » pour permettre de moduler les doses est pour moi la principale réponse technique pour réduire l’IFT, pointe Valérie Gallia, de Sud-Expé Saint-Gilles. Mais elle n’est pas une réponse aux orientations actuelles du marché zéro résidu ou du zéro traitement pendant la fleur. Nous ne sommes qu’au début du travail. »

 

Un système ECO dégageant moins de chiffre d’affaires, Chiffre d’affaires bord verger (€/ha)

Le chiffre d’affaires bord verger, calculé à partir des prix RNM par calibres de la semaine qui suit le plus gros passage de récolte, est inférieur de 17 % dans la partie ECO, les meilleurs calibres en ECO ne permettant pas de compenser le rendement inférieur. Néanmoins, ce système ECO produit assez pour compenser les charges et dégager une marge brute (hors amortissement) positive. Cette marge reste tout de même éloignée de ce qu’elle devrait être pour un verger en 5e feuille.

Des alternatives efficaces mais coûteuses Tableau comparatif des solutions alternatives

 

Parmi les moyens pour réduire les produits phytosanitaires, la majorité des leviers à mettre en place demande un surcoût supérieur à une conduite classique. Leur efficacité par rapport aux bioagresseurs ciblés est variable selon le levier mais permet souvent une gestion correcte du bioagresseur. Seul le choix variétal permet de réduire les intrants phytosanitaires sans coût supplémentaire. « En choisissant des variétés moins sensibles au monilia et autofertile, on limite les risques phytosanitaires sur l’ensemble de la vie du verger », souligne Muriel Millan, CTIFL. L’enquête menée par Agreste en 2015, mentionne que quatre producteurs d’abricots sur dix choisissent leurs variétés et porte-greffes en fonction de leur résistance à certaines maladies.

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