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Stockage : coup de froid sur les fluides

Le changement de réglementation des fluides frigorigènes impose notamment le remplacement progressif des HFC. Les stations fruitières et toutes installations frigorifiques sont concernées.

La réglementation concernant l'utilisation des fluides frigorigènes se resserre. Elle concerne notamment les stations fruitières.
© F. Petit

Depuis quelques décennies, l’impact des fluides frigorigènes sur l’environnement est devenu un enjeu majeur. Le dernier règlement européen F-Gas datant de 2014 (CE 517/2014) impose à tous les Etats membres de diminuer progressivement l’usage et la disponibilité des HFC (HydroFluoroCarbures/gaz fluorés) présents dans les installations frigorifiques. L’objectif visé est une réduction de 79 % d’ici 2030.

Plus possible de recharger

Cette réglementation met en exergue trois points importants (voir encadré). Le premier concerne notamment une réduction de la mise sur le marché des HFC. Les installations contenant des HFC connaîtront une restriction progressive (mais rapide). L’objectif est de passer progressivement vers des gaz alternatifs plus respectueux de l’environnement pour les équipements de surgélation, refroidissement rapide et conservation (fonctionnant notamment à l’ammoniac ou au CO2). En effet, dès le 1er janvier 2020, la mise sur le marché de réfrigérateurs et congélateurs hermétiques à usage commercial contenant un HFC avec un Global Warming Potential(1) ou GWP ≥ 2500 sera interdite. De la même manière, il sera interdit de recharger les installations avec ces HFC (avec un GWP > 2500) dans les équipements dont la charge est supérieure à 40 tonnes équivalent CO2. De plus, à partir du 1er janvier 2022, ce GWP devra être ≤ 150 (sauf exception pour des installations en cascade). « Nous nous retrouvons dans un schéma similaire à ce qui s’est passé pour le R22 récemment : avec une phase d’interdiction dans les installations neuves utilisant les fluides ciblés, puis rapidement une utilisation de fluide recyclé (ayant pour conséquence une raréfaction et une augmentation des prix), et en perspective l’arrêt de l’utilisation de ces types de fluides (à fort GWP). Ainsi, le R404a – souvent utilisé dans les installations frigorifiques des stations – va rapidement se retrouver dans cette situation. A partir de 2020, il ne sera plus possible de recharger les installations avec du R404a vierge », explique Vincent Mathieu-Hurtiger, chargé de programme « Equipements et techniques de conservation fruits » au CTIFL.

Partir directement avec des gaz neutres

Ce changement de réglementation concernant le R404 a plusieurs conséquences. « Pour se mettre en conformité, nous conseillons de retirer l’ancien gaz et de le remplacer par du gaz R449, le plus communément utilisé. Pour ceux qui partent sur du R448, le changement ne pose pas de véritable problème et n’entraîne aucune perte de puissance frigorifique, ou très peu ; dans tous les cas, le matériel en place est conservé. Par contre, il ne faut pas trop tarder car on constate une pénurie de ce gaz sur le marché, sans compter son coût de plus en plus prohibitif. Dans tous les cas, l’avenir est dans la suppression de ce fluide. Pour les nouvelles installations, il est conseillé de partir directement en solution CO2, avec des gaz neutres pour la couche d’ozone. Les fluides naturels, c’est l’avenir », précise Jacques Voisin, PDG de la société Picquette, à Sérignan-du-Comtat (84), spécialiste dans l’installation de chambres froides et d’équipements frigorifiques pour tout ce qui a trait à la conservation des fruits et légumes.

Installation effectuée par une entreprise certifiée

Pour autant, le passage à des fluides à bas effets de serre (indice GWP faible) n’est pas simple. En effet, ces gaz présentent tous des inconvénients, soit au niveau sécurité (toxicité, inflammabilité), soit au niveau thermodynamique (maîtrise de la condensation en phase gazeuse, lubrification…). De plus, les HFC pour les activités d’installation, d’entretien, de maintenance ou de réparation de ces équipements sont désormais exclusivement vendus et achetés par des entreprises certifiées. Et, les équipements non hermétiques ne peuvent être vendus à l’utilisateur final que lorsqu’il est établi que l’installation sera effectuée par une entreprise certifiée. Pour vous repérer, sachez que depuis le 1er janvier 2017, l’étiquette des produits indique la nature du gaz, sa quantité, son poids et son équivalent CO2, ou la quantité pour laquelle l’équipement est conçu et le GWP du gaz. Des mentions devront être ajoutées dans les manuels d’utilisation des équipements et dans les documents commerciaux pour un GWP ≥ 150. « Comme pour le R22, des solutions de RetroFit sont identifiées, mais avec les mêmes contraintes que par le passé : récupération des fluides, légère perte de puissance, révision plus ou moins importante de l’installation… En fonction du type de fluide frigorigène utilisé, et selon le GWP et les tonnes équivalent CO2, il semble donc intéressant de refaire un point avec le frigoriste qui accompagne la station fruitière », conclut Vincent Mathieu-Hurtiger.

(1) Global Warming Potential (GWP) désigne le potentiel de réchauffement global d’un gaz émis dans l’atmosphère.

Contrôle de l’étanchéité et des fuites

Le règlement européen F-Gas impose de réduire les gaz fluorés HPF. Il met en exergue trois points importants. Le premier concerne une réduction de la mise sur le marché des HFC (voir article). Le second point concerne le contrôle d’étanchéité. Tout exploitant doit veiller à ce que ses équipements contenant une quantité de réfrigérant supérieure ou égale à 5 tonnes équivalent CO2 (≥ 1,27 kg de R404A) soient vérifiés par une personne certifiée, tous les douze à vingt-quatre mois. Pour une quantité supérieure ou égale à 50 tonnes équivalent CO2 et inférieure à 500, cette vérification doit se faire tous les six à douze mois. Au-delà de 500 tonnes équivalent CO2, le contrôle est à faire tous les trois à six mois. Pour une installation contenant une quantité de fluides frigorigènes inférieure à 5 tonnes équivalent CO2, le contrôle d’étanchéité n’est pas obligatoire. Ces contrôles doivent être consignés dans un registre obligatoire pendant cinq ans pour les équipements supérieur ou égal à 5 tonnes équivalent CO2. Enfin, lors de l’évacuation de ses équipements usagés, une personne certifiée devra obligatoirement procéder à la récupération des gaz pour qu’elle en effectue l’élimination (recyclage, régénération ou destruction). Enfin, le dernier point de la réglementation porte sur la détection des fuites. Tout équipement de réfrigération, climatisation, pompes à chaleur ou protection contre l’incendie de plus de 500 tonnes équivalent CO2 doit obligatoirement disposer d’un système de détection des fuites avec alarme, contrôlé tous les douze mois. Le dispositif de détection des fuites doit analyser au moins l’un des paramètres suivants : la pression, la température, le courant du compresseur, les niveaux de liquides et le volume de la quantité rechargée.

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