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Stratégie collective à l’échelle d’un territoire

La coopérative Origine Cévennes a construit sa stratégie de développement autour de l’oignon doux des Cévennes, un produit condamné à se dissocier de la famille oignon pour trouver un niveau de valorisation à la hauteur de ses qualités et de ses contraintes de production.

Un petit groupe d'e producteurs d'oignons doux des Cévnnes, soucieux de développer l'agriculture sur leur territoire, a monté une coopérative.
© Origine Cévennes

La coopérative Origine Cévennes est née sous l’impulsion d’un petit groupe de producteurs d’oignons doux des Cévennes désireux de développer une activité agricole dans un terroir pas forcément adapté à l’agriculture moderne. Leurs motivations : travailler en Cévennes et miser sur un produit capable de se démarquer. Car si le terroir impose de nombreuses contraintes, en particulier celle de cultiver en terrasses, sur de très petites surfaces qui interdisent le recours à la mécanisation, l’oignon doux des Cévennes a beaucoup d’atouts. En effet, la variété sélectionnée localement depuis plusieurs générations est performante d’un point de vue agronomique. Elle offre notamment des niveaux de rendements capables de contrebalancer la rareté du foncier. Elle se distingue aussi par la qualité du produit : un oignon sucré, juteux, sans amertume, qui se consomme cru ou cuit. Bref, un oignon qui se classe dans la catégorie des oignons doux et qui a la capacité de se conserver. C’est un produit inédit dans l’univers des oignons, capable de se démarquer pour ses qualités gustatives et visuelles.

Pour se démarquer ensemble

Fort de ce constat, le petit groupe de producteurs décide de s’engager dans une démarche collective afin de développer la production à l’échelle du territoire des Cévennes, tout en évitant de se faire concurrence sur les marchés de proximité et maîtriser la valorisation du produit. Leurs ambitions : élargir la zone de commercialisation et créer la demande au-delà des frontières de la région. Les moyens se limitent alors à un camion et la volonté de commercialiser ensemble 500 tonnes de produits. A la création de la coopérative, en 1991, la stratégie est claire : il faut se démarquer pour assurer une forte valorisation du produit et être capable de faire vivre une famille sur un hectare. On est très loin de la logique « grandes cultures » et l’oignon doux des Cévennes doit donc se dissocier de la famille oignon. La communication sur les conditions de production liée au territoire d’une part, sur les qualités du produit d’autre part, apparaît comme indispensable. La marque Doux Saint André est déposée, en lien avec le berceau de la production, le village de Saint-André-de-Majencoules. Le conditionnement en « carton jaune » permet de se démarquer clairement des oignons traditionnellement vendus en sacs de 30 kg. A la marque et au packaging s’ajoute un cahier des charges produits très strict. Ce sont les ingrédients de base d’une politique de communication qui va s’intensifier et évoluer tout gardant en ligne de mire l’idée de départ, celle de mettre en avant les valeurs identitaires de l’oignon doux des Cévennes.

Stimulé par la rareté du foncier

Après la création de la coopérative, l’embauche en 1996 d’un ingénieur agronome pour assurer l’appui technique auprès des producteurs est aussi une étape importante. La mission est double : garantir la qualité du produit et assurer la rentabilité des exploitations qui, de fait des très petites parcelles en terrasses et de la difficulté à trouver de nouvelles surfaces cultivables, ont besoin d’optimiser leur chiffre d’affaires par hectare, pour ne pas dire par mètre carré. En corrigeant le pH des sols, en ajustant la fertilisation, en maîtrisant les maladies du feuillage…, les améliorations sont rapides et les volumes progressent. La coopérative ouvre de nouveaux marchés et prend conscience que son produit a besoin d’une protection juridique pour garantir son origine. La création de l’ADOC dès 1996 va permettre de porter le dossier AOC jusqu’à son obtention en 2003. Les premières visites des experts de l’INAO confirment l’importance des cultures en terrasses en tant qu’élément d’identification de l’oignon doux des Cévennes. Elles sont un marqueur fort du paysage des Cévennes méridionales. Elles sont aussi un outil façonné par l’homme pour créer des conditions pédoclimatiques particulières. Les ingrédients agronomiques pour définir le terroir sont bien là.

A ce stade, le projet attire des jeunes et suscite des vocations. Fin des années 1990, de nouvelles installations sont motivées par le développement de la coopérative et celle de l’oignon doux des Cévennes. Aujourd’hui, le phénomène se poursuit avec des jeunes attachés au territoire cévenol, mais qui n’ont pas forcément des attaches agricoles. L’oignon doux des Cévennes leur permet de rester au pays.

Culture en terrasses : le handicap devient une force

La culture en terrasse est le pilier du mode de production de l’oignon doux des Cévennes. Créées par l’Homme, les terrasses des Cévennes méridionales et leurs murs en pierres sèches permettent de répondre aux contraintes du relief et d’éviter le ravinement en cas de fortes pluies. Orientées sud ou sud-est, elles sont bien ventilées et bien exposées pour limiter les risques sanitaires. Les sols drainants et acides issus de la dégradation des schistes et granites du relief conviennent parfaitement à la culture de l’oignon doux. En revanche, elles se prêtent mal à l’intervention d’engins agricoles. La plupart des étapes de production se font à la main. C’est ce travail artisanal, indissociable des qualités uniques de leur produit, que les producteurs d’Origine Cévennes doivent défendre pour assurer l’avenir de leur production. Les terrasses sont leur meilleur atout pour expliquer, argumenter et communiquer. Depuis le début, elles sont au cœur de leur stratégie de communication. Aujourd’hui, la coopérative réactualise sa charte graphique pour donner aux terrasses encore plus de force, pour qu’elles véhiculent jusqu’au consommateur le message d’un produit artisanal, issu d’un terroir unique qu’il est important de préserver.

Gaétan Reilhan a deux passions : le vélo et les Cévennes

Installé depuis 2014, ce jeune producteur a un parcours peu commun. Il démarre sur un vélo, ou plus précisément sur un VTT de descente. Cette pratique sportive le conduit au niveau international. Mais il fait tout pour que les Cévennes restent son terrain d’entraînement et pour que les jeunes du coin pratiquent le vélo. Il devient éducateur sportif et s’investit dans la vie de son club : La Bicyclette Cévenole. Parallèlement, il décide de devenir agriculteur pour travailler au pays et mener de front ses différentes activités. En 2013, après une formation agricole, il reprend les 3 ha de terres en terrasses que ses grands-parents ont achetés en 1956, mais qui n’ont jamais été exploitées car personne n’est agriculteur dans la famille. Le chantier est ambitieux : il faut défricher, remonter les murs en pierres sèches des terrasses… « Je ne pensais pas devoir être bûcheron pour devenir producteur d’oignon doux ! », s’étonne Gaétan. Aujourd’hui, il cultive 0,9 ha. Pour autant, il n’abandonne pas le vélo. Gaétan accompagne des excursions à vélos électriques à travers la vallée de Taleyrac, dans le but de faire découvrir aux touristes la production d’oignon doux des Cévennes.

PARCOURS

1987 : création d’une première association de producteurs

1991 : naissance de la coopérative Origine Cévennes

2000 : premier salon à Paris (SIAL)

2003 : 1er oignon qui obtient une AOC

2005 : premier salon à Berlin (Fruit Logistica)

2008 : obtention de l’AOP Oignon doux des Cévennes

2013 : utilisation de photos ariennes comme outil de communication

2018 : nouvelle charte graphique

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