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Plasticulture : un nouvel Almería chinois

A 500 km de Pékin, la vaste zone légumière autour de la ville de Shouguang, comptant au moins 20 000 ha de cultures sous serres, prend des allures d’Almería chinois.

Quittant Shanghai et sa très forte densité de population, et remontant vers Pékin, le TGV chinois traverse une grande plaine cultivée, moins peuplée, aux villages plus espacés, consacrée majoritairement au riz et aux céréales. Puis un léger relief s’élève à l’approche de Jinan, la capitale du Shandong.

Une forte proportion de serres solaires

Cette petite province côtière, le tiers de la France en surface, est fortement peuplée avec 100 millions d’habitants, plus d’une 1,5 fois notre Hexagone. Entre Zibo et Weifang, commence la traversée de surfaces considérables de tunnels plastique de part et d’autre de la voie ferrée. La suite du trajet en bus se fait sur une large route rectiligne plantée d’arbres, dissimulant de façon un peu frustrante des hectares de serres plastique à perte de vue. Shouguang, ville de 1,2 million d’habitants en pleine extension, sera le point d’arrivée au centre d’une zone que l’on pourrait appeler l’Almería chinois. La « mer de plastique » qui l’encercle se compose d’une forte proportion de serres dites solaires. Ces tunnels de 12 m de large sont couverts de plastique. Ils sont orientés Est/Ouest bénéficiant du maximum de soleil plein Sud, la paroi Nord légèrement creusée avec protection en terre atténue le froid. Ces modèles traditionnels sont entourés de serre plastique à arceaux métalliques plus classiques, pour un Européen. Cette très vaste zone légumière de Shouguang représenterait 60 000 ha dont au moins 20 000 ha de cultures sous serres essentiellement consacrés aux légumes. La proximité des grandes zones de consommation et des sols favorables aux cultures légumières en font une zone privilégiée pour ces dernières. Mais le Shandong vient de subir de graves inondations à la suite du typhon Rumbia, en août dernier. Près de quatre millions de personnes ont été affectées et un fonds de secours de 177 millions de yuans a été alloué.

 

 

Concombres et tomates calibrés à la main

Le groupe CSV, China Shouguang Vegetables détiendrait 26 000 ha de culture. « CSV distribue environ quatre millions de tonnes de légumes issues de ses productions ou d’échanges commerciaux », précise son président, Yang Ming dans son bureau en haut de l’immeuble de son entreprise. Le groupe alimente notamment les millions de consommateurs de Pékin, finalement assez proche (500 km) et en exporte une autre partie sous forme de produits transformés. CSV se targue d’avoir le privilège de fournir en légumes la table du président Xi Jinping. Sous son apparence simple, M. Yang est actionnaire majoritaire à 60 % de CSV et sa puissance semble énorme. Il a acquis un domaine viticole dans le Médoc et des tableaux de grande valeur décorent son bureau du dernier étage de l’immeuble. La visite du Tianma Fruit and vegetable Wholesale Market, marché de gros de Shouguang, est d’apparence plus classique. Un court arrêt improvisé dans l’un des hangars permet de constater l’importance de l’activité manuelle, quasi-artisanale. Les concombres courts sont conditionnés à la main et les tomates calibrées manuellement dans deux modestes ateliers entre-aperçus. En revanche, la grande salle de marché au cadran du Shouguang Vegetable and Fruit Variety Rights Trading Center a des élans de modernité. Basé sur le principe d’un vaste marché au cadran à enchères dégressives, utilisable plusieurs fois par mois avec des prolongements dans toute la Chine, le cadran permet aussi le prélèvement des royalties sur les droits d’obtentions des variétés. Issue de réforme récente, ce centre semble destiné à montrer que la Chine est à son tour très pointilleuse sur les droits de propriété et d’usage des variétés privées.

Des « standards européens » et des moyens concentrés

Le Modern Agricultural Park a aussi valeur de vitrine. Cette vaste zone de production, recherches et expérimentations de 200 ha, se compose d’un ensemble de serres, tunnels et bâtiments. Des tunnels de type traditionnel solaire, mis en place assez récemment, hébergent les collections variétales de légumes d’aubergines, piments et tomates. Chaque serre est consacrée à l’une de ces productions et regroupe environ 70 variétés. L’objectif est de conserver une large collection variétale et de décrire les potentialités de chacune. Les cultures y sont belles, les tomates étêtées à 2 m de haut. Toutefois le contraste est saisissant en entrant dans la serre verre voisine. Tomates cerise et cocktail y sont produites selon des « standards européens » dans une serre de 7,50 m de haut, avec culture hors-sol chauffée en gouttières sur substrat à base de fibre de coco. Les plantes ont un développement très correct et la pollinisation est effectuée à l’aide de bourdons. Ces nouvelles techniques sont testées au National Vegetable Engineering Technology Research Center doté de son Research Center lab. Ce centre de recherche (dépendant de l’Etat mais dans lequel CSV possède une forte participation) rassemble des bâtiments d’apparence extérieure assez luxueuse, avec des équipements et des cultures hors-sol de tomates mais aussi de poivrons, piments, melons et concombres. Le National Vegetable Engineering Technology Research Center illustre la coordination locale des moyens émanant du ministère de l’Agriculture chinois et des entreprises privées. Ces différentes visites témoignent d’une concentration des moyens dans cette grande région spécialisée, depuis la recherche jusqu’à la distribution en passant par la production... Encore une similitude avec le Sud de l’Espagne !

Voyage de mission entre le SIVAL et HORTICHINA Shanghai

L’« organic » à la chinoise

A 60 km au Sud-ouest du centre de Shanghai, la localité périurbaine de Tongchu héberge une trentaine d’exploitations « organic », comparables à celle de Michael Xiang. Cette dernère se compose d’une dizaine d’hectares couverts à 70 % d’abris en plastique faisant travailler environ 80 personnes. On y produit du riz et des légumes, en majorité de légumes-feuilles cultivés en mode biologique. La gamme est très diversifiée. Une vingtaine de types de salades poussent sur un sol argileux mais aussi des tomates, fraises, épinards. Michael Xiang est un jeune investisseur, aussi engagé dans le textile. Il dirige l’exploitation à raison d’une visite par semaine et le fonctionnement courant est sous les ordres d’un chef de culture. Un tour de ferme permet de découvrir la conduite des cultures en place, les tomates, excellentes de goût et de belle végétation. Une plantation artisanale de riz, à l’ancienne, distrait les visiteurs et clients de la ferme. L’entrepreneur fait part de ses besoins en mécanisation. Il recherche de petits équipements adaptés à ses activités pour compenser ses besoins importants en main-d’œuvre. Car étonnamment, même avec plus d’un milliard d’habitants, le coût de la main-d’œuvre s’avère élevé en Chine, avec une concurrence locale et une insuffisance de personnel qualifié. Le professionnel recherche également de nouvelles variétés de tomates de haute qualité malgré le goût déjà délicieux de ses tomates rondes, cocktail ou les cerises. Elles seront commercialisées en direct auprès des supermarchés de Shanghai. Le conditionnement s’effectue assez artisanalement, avec tri et calibrage manuels, et la confection de petites barquettes pesées puis étiquetées.

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