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Antilles
La Guadeloupe veut sauver ses agrumes de la maladie du greening

Ravagée par le greening depuis 2012, la Guadeloupe s’est organisée pour lutter contre cette maladie des agrumes : lutte biologique, production de plants sains, et surtout création variétale. Rencontre avec le Cirad et l’IT² à la station de recherche de Petit Bourg.

© Pixabay

Le greening des agrumes (ou HLB, lire encadré) est arrivée en Guadeloupe en 2012 et a infecté la totalité des vergers. Les orangers et les mandariniers sont les variétés les plus affectées par la maladie. Jusqu’en 2012 en Guadeloupe, l’agrumiculture était la principale culture de diversification fruitière, à destination des marchés locaux. L’arrivée du greening a provoqué une chute des rendements de près de 60 % en quelques années et la part des importations d’agrumes sur l’île a été multipliée par six aux cours de la dernière décennie.

 

 

La filière, avec les instituts techniques et de recherche Cirad, Inra et IT² (Institut technique tropical), la Daaf et la Fredon (Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles), se sont mobilisées. Premièrement, en arrachant les arbres malades et en assainissant les sols. Deuxièmement, en développant la lutte biologique. La Fredon disperse ainsi des micro-guêpes qui parasitent le psylle vecteur de la maladie. Troisièmement, un plan par l’IT² de production de plants sains pour la Guadeloupe. « Des plants sains dans un environnement contaminé ont permis de maintenir la production, souligne Patrice Champoiseau, responsable Cultures de diversification végétale à l’IT². Ce n’est pas suffisant mais cela reste indispensable. » Les greffons proviennent du centre de ressources biologiques de l’Inra de Corse. Les porte-greffes sont issus de semences (les semences sont non porteuses de la maladie). Sur le site du Cirad de Roujol à Petit Bourg, porte-greffes et greffons passent par une serre de quarantaine, puis par un “parc à bois” qui permet de fournir les pépiniéristes de l’île, qui produisent depuis deux ans en serre “insectproof”.

 

 

 

Enfin, le quatrième axe de lutte contre le greening consiste en le développement de nouvelles variétés. Il n’y a pas de résistance connue au HLB, mais certaines tolérances sont observées selon le porte-greffe. Les travaux du Cirad suggèrent que la tolérance au greening est liée au niveau de ploïdie* du porte-greffe. Plus ce niveau est élevé, plus le diamètre des vaisseaux transportant la sève élaborée l’est, ce qui assure une durée de vie plus importante à l’arbre. Le limettier Tahiti, qui est triploïde (trois jeux de chromosomes, au lieu de deux habituellement), est la seule variété qui permet de maintenir des productions en zone Caraïbes. Plusieurs porte-greffes de limettier tétraploïdes sont actuellement en évaluation à la station du Cirad de Roujol à Petit Bourg. De même, différentes populations de petits agrumes triploïdes sont évaluées en Guadeloupe et en Martinique : tangelo, mandarine, tango, lime… ont été greffée sur des porte-greffes tri ou tétraploïdes depuis 2015. Les arbres ont fructifié l’année dernière.

 

 

Si les parcelles plantées avec ces matériels innovants sont pour l’essentiel contaminées, les arbres présentent peu de symptômes et une première production de fruits dès la troisième année de plantation a pu être obtenue. En association avec des itinéraires techniques adaptés, le Cirad et l’IT² espèrent que ces variétés puissent relancer l’agrumiculture en Guadeloupe. « Aussi petite la filière agrumes guadeloupéenne soit-elle, il y a des hommes derrière. Nous avons donc l’obligation de maintien de la filière, souligne Patrice Champoiseau. Et ce qu’on a déjà fait sert à la Réunion, où le HLB est présent depuis deux ans. » Présent en Martinique, le greening y a un impact plus limité qu’en Guadeloupe. La Méditerranée reste le seul bassin de production d’agrumes encore préservée de la maladie. Mais n’est pas à l’abri.

 

*ploïdie : nombre de lots de chromosomes d’une cellule. Diploïde : deux ensembles de chromosomes (situation la plus courante) ; triploïde : trois ; trétraploïde : quatre.

 

 

 


Le greening, une maladie dévastatrice

Le greening des agrumes, connu aussi sous le nom de Huanglongbing (HLB) ou maladie du Dragon jaune, ravage les vergers du monde entier. Maladie identifiée en Asie au début du XXe siècle, elle a notamment décimé la quasi-totalité des orangers de Floride, avec une chute de 60 % de la production entre 2005 et 2017. La maladie est provoquée par Candidatus Liberibacter asiaticus, une bactérie du phloème (vaisseau transportant la sève riche en nutriments). Cette bactérie est transmise par un psylle, Diaphorina citri. Très rapidement, le rendement et la qualité des productions sont affectés, la mort des arbres étant inéducable. La présence de la bactérie dans les vaisseaux conducteurs du phloème a pour conséquence une accumulation de callose entraînant un arrêt des flux de sève élaborée (riche en nutriments). Les stratégies de lutte diffèrent selon les zones touchées. Le Brésil a massivement recours aux insecticides. La Californie arrache, replante et surveille ses vergers. La Floride a une stratégie d’éradication du vecteur, le psylle. 


 

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