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Halte aux altises !

Différentes altises phytophages, aux comportements variés, occasionnent des dégâts non négligeables, notamment en début de culture, sur des espèces légumières de plus en plus nombreuses.

Feuilles dentelées, déformées, perforées, les dégâts d'altises sont surtout qualitatifs sur le feuillage mais peuvent aussi freiner considérablement le développement végétatif.
© D.Berry

Depuis quelques années, l’altise fait de plus en plus parler d’elle. Elle occasionne des dégâts sur une liste d’espèces légumières qui semble s’allonger. En réalité, ce sont différentes espèces d’altises qui sont ravageuses des cultures légumières. On peut recenser au moins trois espèces d’altises qui occasionnent des dégâts aux cultures légumières. Il s’agit de l’altise noire ou petite altise (Phyllotreta atra), l’altise des crucifères (Phyllotreta nemorum) et l’altise de la betterave (Chaetocnema concinna). Cependant, compte tenu de la relative polyphagie de l’insecte, il est possible que d’autres espèces que celles présentées soient aussi présentes en légumes (voir encadré). La morphologie, la coloration, le nombre de générations ainsi que la localisation des pontes diffèrent selon l’espèce. Mais le type de dégâts et de morsure est très similaire. De plus, si les populations d’altises sont importantes et la température élevée, les dégâts sont rapidement très dommageables, particulièrement sur les jeunes plantules ou les jeunes plants. Autre facteur commun à ces différentes espèces, elles n’aiment pas l’humidité et affectionnent particulièrement les préparations grossières dans lesquelles elles trouvent facilement refuge.

Réguler le stock d’œufs et de larves

En Rhône-Alpes, et dans de nombreuses autres régions, ces différentes altises se retrouvent sur toutes les catégories de choux, les navets, les radis, le rutabaga, les betteraves, l’épinard mais aussi, dans une moindre mesure la blette. L’impact de ce ravageur est qualitatif pour le radis, le navet botte (feuillage perforé), ainsi que pour les choux chinois (feuilles dentelées, déformées, perforées). Pour les autres cultures, les choux feuille ou à inflorescence, les épinards, les attaques freinent considérablement le développement végétatif jusqu’à un stade 8-10F de ces cultures. C’est aussi le cas du rutabaga. En cas de très forte pullulation et au-delà des impacts qualitatifs et de calendrier, les rendements des cultures sont nécessairement impactés. Face à ce constat, les moyens de régulation sont de différents ordres : structure de sol, fractionnement de l’irrigation, barrière physique et en dernier lieu, lutte chimique pour la production conventionnelle. Lors de la préparation du sol, il est donc important d’obtenir une structure qui ne soit pas grossière afin de limiter les possibilités de refuge pour les adultes. Car, sous terre, refuge de prédilection de l’insecte, il est impossible de les toucher. Complémentairement à une structure suffisamment fine, les binages, pas toujours possibles dans toutes les cultures concernées, sont intéressants pour réguler le stock d’œufs et de larves. Le fractionnement des doses d’irrigation présente un intérêt notamment en période sèche lors de pullulation du ravageur. Même s’il n’est pas toujours simple à organiser, l’arrosage par aspersion dérange l’insecte et limite les possibilités qu’il se réfugie dans le sol. La barrière physique, avec la pose d’un filet anti-insectes, est actuellement le plus sûr moyen de ne pas être envahi par les altises, dès lors que la pose est suffisamment anticipée pour ne pas piéger une partie de la population de ce ravageur sous les filets. Les filets à mailles fines sont particulièrement efficaces mais difficilement réutilisables, donc coûteux. Les filets à mailles plus larges (type Micro climat) sont moins étanches mais donnent malgré tout un résultat acceptable, sauf en radis. Ils sont solides, réutilisables, donc moins coûteux. Ces filets sont contraignants en pose/dépose pour les différentes interventions et ils créent un microclimat propice à d’autres types de problèmes.

La lutte chimique n’est pas satisfaisante

Les cultures légumières comme la betterave potagère, les différents choux, le navet et les radis, sont toutes dotées d’un usage « altises ou coléoptères phytophages ». Mais l’épinard est la principale des cultures concernées à ne pas avoir d’usage altises ou coléoptères phytophages. C’est aussi le cas de la blette qui est assimilée à l’épinard. Cependant l’usage est alimenté d’une manière variable selon la culture (voir tableau). Avec le retrait récent de certains néonicotinoïdes donc Suprême20 Sg, les spécialités homologuées appartiennent à une même famille de produits : les pyréthrinoïdes de synthèse pour la majorité d’entre eux, à savoir Décis, Fastac, Karaté. Il faut également rappeler que le Géothion/Nurelle n’est plus utilisable depuis le 31 août 2017. Les pyréthrinoïdes de synthèse sont d’un niveau d’efficacité limité en forte chaleur car très facilement vaporisés dès que la température franchie la barre des 25°C. Les moyens de luttes reposent sur une observation attentive et ils nécessitent d’être combinés pour être suffisamment efficaces car la lutte chimique à elle seule n’est pas satisfaisante. Les filets sont actuellement le meilleur moyen de ne pas être impacté par ce ravageur, même si leur utilisation reste contraignante.

Trois altises parmi d’autres

L’Altise noire ou petite altise (Phyllotreta atra)

L’adulte mesure de 2 à 2,5 mm. Il est entièrement noir sauf une partie des antennes qui est jaune. Les plantes-hôtes, au-delà des crucifères sauvages, sont notamment le chou, le chou-fleur, mais aussi le colza. Les adultes hivernent sous des mottes de terre et divers abris de bord de champ. Dès la reprise d'activité, ils font des morsures de 1 à 2 mm de diamètre qui ne traversent pas toute l'épaisseur de la feuille. Les œufs sont déposés isolément sur le sol, au voisinage du collet des crucifères. Ils se développent en une dizaine de jours. Les larves (5 mm, blanchâtres, tête noire) rongent les racines pendant trois ou quatre semaines puis se nymphosent dans le sol en une dizaine de jours. Le cycle de vie est d’une génération par an. Au mois d'août, le nouvel adulte remonte à la surface du sol et commence à s'alimenter sur les feuilles des crucifères jusqu'à la fin de l'automne puis il se met à l'abri du froid et reprend son activité en mai.

L’Altise des crucifères (Phyllotreta nemorum)

L’adulte mesure de 3 à 3,5 mm. La tête et le thorax sont noirs verdâtres. Chaque élytre noir présente une large bande jaune latérale. Les plantes-hôtes sont les crucifères sauvages ou cultivées telles que le chou, le colza, les radis, les navets. L’adulte vit sur les feuilles des crucifères qu'il décape et perfore par temps chaud et sec. Les œufs sont fixés par un mucus à la face inférieure des feuilles ou le long des nervures. L'évolution embryonnaire dure une dizaine de jours. Les larves (5 à 6 mm, jaunâtres, tête et pattes noires) pénètrent à l'intérieur des feuilles et se développent entre les deux épidermes, creusant une mine qui atteint 6 à 8 mm de large. Elles se nymphosent ensuite dans le sol. Le jeune adulte apparaît au début juillet. Il se nourrit aux dépens de la plante-hôte jusqu'à la fin novembre puis hiverne dans les anfractuosités du sol ou sous les feuilles. La reprise d'activité intervient début avril et la ponte mi-avril. Le cycle de vie est, aussi, d’une génération par an.

L’Altise de la betterave (Chaetocnema concinna)

L’adulte, d’environ 2 mm de long, est sombre avec des reflets métalliques. Il possède des pattes arrière puissantes qui lui permettent de sauter. Cette espèce vit sur certaines espèces de chénopodiacées et de polygonacées. C'est un ravageur des betteraves ainsi que des cultures d'épinard et d'oseille. Il attaque les cotylédons et les feuilles en effectuant de très nombreuses petites morsures arrondies de 1 à 2 mm de diamètre. La larve mesure environ 5 mm. Elle est très étroite, blanche à jaune avec des taches sombres, une tête et des pattes noires. Le cycle de vie est de plusieurs générations par an. Les adultes, hivernent dans le sol, font surface au début du mois d’avril. La ponte a lieu rapidement dans le sol. Les larves se développent en rongeant les racines d’adventices pendant deux à trois semaines. Ce coléoptère hiverne sous forme adulte.

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