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Patate douce
Graines Voltz souhaite construire une filière française structurée

Aujourd’hui la production française est majoritairement destinée aux circuits courts. Mais le distributeur de plants croit fortement à l’émergence d’une filière nationale, avec une commercialisation en GMS.

Récolte de la variété Orléans.
© Graines Voltz

Le développeur et distributeur indépendant de semences et de jeunes plants Graines Voltz s’est lancé dans l’aventure de la patate douce il y a six ans, suite à des demandes de deux producteurs, un à Nantes et l’autre à Noirmoutier. Le test s’est très vite transformé en une activité permanente. « La culture de la patate douce existait depuis longtemps dans le sud de la France mais pas au niveau national, explique Pascal Chrétien, responsable commercial maraîchage. Depuis six ans, nous avons vu une croissance exponentielle des surfaces. » Aucune statistique officielle n’existe, mais la production française serait aujourd’hui de 4 500 t selon Graines Voltz. Côté CTIFL, on parle plus de 1 000 t. Le nombre de producteurs de patates douces a explosé. « Il s’agit surtout de producteurs pour la vente en circuit court, souligne Melvin Lemarchand, commercial. Ce sont nos principaux clients. Depuis deux-trois ans, les spécialistes -producteurs de melons, poireaux, carottes- commencent à regarder avec intérêt la patate douce, pour de la commercialisation en circuit long vers les GMS. »

Aujourd’hui, 80 % à 90 % de la consommation concerne les variétés à chair orangée (sucrées et riches en bêtacarotènes et vitamine A). Graines Voltz propose les variétés Evangeline* et Orléans*. En chair blanche, l’entreprise propose la Bonita* (peau blanche-rosée, plus ferme et moins sucrée, adaptée à la cuisine en frite) et la Murasaki 29* (peau violette, chair plus farineuse, adaptée à la cuisson vapeur). Adaptées au climat nord-européen, sous COV, ces variétés proviennent de l’obtenteur américain Louisiana State University Agriculture Center et sont multipliées in vitro (pour des plants garantis sans virus) par le pépiniériste irlandais FitzGerald Nurseries. Graines Voltz a deux parcs de pieds mère en France. Les boutures sont réalisées de novembre à fin mai, et les parcs sont renouvelés chaque année en juillet-août. Le produit livré est une bouture racinée en mini-motte, disponible en bio ou en conventionnel.

Des freins au développement du circuit long

Le marché français n’en étant encore qu’à ses débuts, les producteurs cherchent avant tout la productivité et une homogénéité des calibres, ainsi que la précocité (actuellement on peut avoir de la patate douce française dès le mois d’août). « Aujourd’hui il y a une certaine hétérogénéité des calibres, ce qui n’est pas gênant pour la vente en circuit court mais qui est un frein pour le développement en circuit long, précise Melvin Lemarchand. Nous sommes en test pour gagner en homogénéité par la conduite culturale. Il existe aussi des solutions pour les écarts de tri : l’industrie, l’alimentation animale… ».

Autre frein au développement du circuit long : la patate douce coûte cher en main-d’œuvre, car elle n’est pas mécanisée.

« Nous sommes aujourd’hui à un carrefour, estime Pascal Chrétien. Le circuit court a son marché. Le circuit long va-t-il sortir de terre ? Nous, nous y croyons. La GMS aujourd’hui s’intéresse à l’origine France. Les producteurs commencent à investir mais ont besoin d’avoir des débouchés et d’être rentables économiquement. Il faut réunir tout ce monde et construire une filière française structurée. Il y a plein de choses à faire, de la segmentation, de la promotion… Nous souhaitons voir, demain, de l’origine France dans les rayons de la GMS. On la voit déjà en circuit court, chez certains spécialistes comme Grand Frais, Biocoop, et quelques supermarchés qui font des achats locaux. La clé, c’est aussi la communication vers l’ensemble des opérateurs et des consommateurs. » Enfin, autre marché à ne pas négliger : l’industrie, qui se fournit principalement sur d’autres origines (Espagne notamment). « Mais on a des appels d’industriels qui nous demandent si on a des producteurs qui peuvent les fournir. » L’origine France a donc de beaux jours devant elle.

* Variétés soumises à un COV, multiplication interdite sans licence. Ipomoea batatas ‘Orléans’COV (PBR 2014/2363) ; Ipomoea batatas ‘Evangeline’COV (PBR 2011/0209) ; Ipomoea batatas ‘Bonita’COV (PBR 2011/1012) ; Ipomoea batatas ‘Murasaki 29’COV (PBR 2011/0210).

Lire les autres articles du dossier FLD :

- Etat des lieux de la production française

- La patate douce, plus qu’une mode...

 

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