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Culture de fraise hors-sol : diagnostiquer son réseau d’irrigation

Faire le diagnostic du réseau est le premier pas d’une optimisation de l’irrigation de la culture de fraise. L’uniformité et la régularité sont les éléments déterminants de la performance du réseau, comme le montrent les travaux d’Optifraise.

La performance de l’installation est un facteur clé de la culture de fraise hors-sol. L’auto-diagnostic est à faire avant la saison, au moment un peu plus calme. © RFL
La performance de l’installation est un facteur clé de la culture de fraise hors-sol. L’auto-diagnostic est à faire avant la saison, au moment un peu plus calme.
© RFL

Avant de vouloir piloter l’irrigation, il est nécessaire de vérifier le calibrage et le bon fonctionnement du réseau d’irrigation déjà installé ou à installer. Ce diagnostic est notamment nécessaire en conduite hors-sol car le faible volume des substrats ne procure pas de réservoir tampon suffisant. Aussi, l’action Diagnostic du projet Optifraise a concerné 21 exploitations lot-et-garonnaises spécialisées dans la culture de fraise hors-sol (voir encadré). « Cette action, très bien accueillie par les producteurs, leur a fait prendre conscience de l’importance et de l’intérêt de contrôler le bon fonctionnement de leur réseau d’irrigation. Les diagnostics ont permis d’identifier les causes de non-conformité des réseaux d’irrigation ainsi que les mesures correctives et de faire un état des lieux des types de matériel de réseaux de distribution hydriques », commente Myriam Carmentran-Delias, spécialiste fraise de la Chambre d’agriculture de Lot-et-Garonne (1).

Les causes d’hétérogénéité sont très diverses

Le Coefficient d’uniformité de répartition de l’eau (CU), la pression mesurée en entrée de secteur et le différentiel de pression sur le secteur, le temps de remplissage sont les trois indicateurs de mesure pris en compte lors de la synthèse de diagnostics. La moyenne du Coefficient d’uniformité par exploitation n’est pas représentative (voir encadré). « Sur les trois années, le CU a oscillé entre 13 et 98 % et est variable entre les secteurs et les exploitations », rapporte la technicienne dans le document de synthèse. Effectivement, sur une même exploitation, des secteurs peuvent être conformes, alors que d’autres ne le seront pas.

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Les causes d’hétérogénéité sont très diverses et peuvent apparaître à la station de départ (station de tête). « Dans ce cas, tous les secteurs sont défaillants si les réseaux sont de même dimension », précise-t-elle. L’hétérogénéité peut apparaître au niveau des secteurs d’arrosage s’ils sont de taille différente ou si le problème se situe après la station de tête, au niveau du peigne de distribution (Electrovanne, réducteur de pression…) ou du matériel d’irrigation lui-même. Chaque exploitation doit étudier son cas de figure pour faire le choix d’un équipement.

Selon la synthèse de trois années, 63 % des secteurs présentent des Coefficients d’uniformité inférieurs à 90 % dont 25 % où il est nécessaire d’agir rapidement puisque le CU est inférieur à 80 %. Ce sont les secteurs équipés de gaines souples, les plus représentatifs dans les exploitations diagnostiquées (42 %) qui sont les plus affectés par des CU non conformes. Ensuite, ce sont les secteurs équipés de gaines rigides avec capillaires qui occupent la seconde place en représentativité (37 % des installations) et qui présentent 40 % de secteurs non conformes. « Mais, ces résultats ne permettent pas d’orienter le choix d’investissement, car il est dépendant de différents facteurs comme les dénivelés ou la qualité d’eau », précise Myriam Carmentran-Delias.

Un manque de pression souvent à l’origine de défaillances

Sur l’indicateur « pression d’entrée », 40 % des secteurs diagnostiqués sont conformes comparativement aux besoins des gaines (plage de pression correcte). Mais 60 % ne le sont pas. Le manque de pression d’entrée est souvent à l’origine des défaillances potentielles soit au niveau de la station de tête par un manque de pression de départ (problème de filtration, d'installation : diamètre, coude avec perte de charge, homogénéité de la taille des secteurs…), soit par l’installation de réducteurs de pression qui sont mal réglés ou mal entretenus, soit par une électrovanne défaillante ou par un mauvais calibrage de la station par rapport aux débits demandés par secteur.

« Lors des diagnostics, nous nous sommes aperçus que parfois les réducteurs de pression n’étaient pas de nouveau réglés en parallèle du changement de caractéristiques des gaines de distribution », remarque Myriam Carmentran-Delias. Des hétérogénéités de qualité de gaine ont aussi été détectées en termes d’épaisseur de plastique et donc de résistance à l’éclatement si la pression est trop élevée. « Nous avons constaté que certains goutteurs débitaient plus de deux fois le débit théorique malgré une pression de fonctionnement inférieure aux préconisations des constructeurs », mentionne-t-elle.

Adapter les fréquences et durées d’arrosage

65 % des installations ont des différentiels de pression conformes entre l’entrée de secteur et la fin de secteur et entre le début et la fin de ligne. Ce qui n’entraîne pas de déperditions de pression ou d’augmentation dans le secteur. Pour les 35 % non conformes, ces différentiels sont dus à des bouchages lorsque cet indicateur est renforcé par un CU < 80 %, mais peuvent parfois être expliqués par le dénivelé des parcelles (vidange des goutteurs en point bas des rangs par exemple). Le temps de remplissage est fonction de la capacité de l’installation, de la distance à la station de tête, de la taille des secteurs en parallèle de la capacité de la pompe.

« En réseau avec capillaires, les exploitants pratiquent des arrosages plus courts du fait d’un réseau déjà rempli et en pression de fonctionnement. La moyenne des arrosages observés est de trois minutes. De plus, les gaines rigides auto-régulantes équipées de capillaires présentent des temps de latence très courts, voire inexistants », précise la spécialiste. Inversement, pour les réseaux équipés en gaine souple ou rigide non auto-régulante, la durée d’arrosage est comprise entre 5 minutes et 11 minutes. Ainsi, dans le cas de pentes, les plants de fraisiers du bas de parcelle sont toujours plus arrosés que ceux en haut de parcelles. Il est donc nécessaire d’adapter les fréquences et durées d’arrosage pour éviter des assèchements trop importants en haut de parcelle.

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« Ces différents indicateurs pris ensemble permettent d’établir un plan d’améliorations. Pris individuellement, l’interprétation est impossible, même risquée, et cela ne permettrait pas de poser un diagnostic satisfaisant », commente Myriam Carmentran-Delias. Il serait aussi nécessaire de récapituler toutes les caractéristiques des installations aériennes et enterrées (diamètre, longueur, nombre de coudes…) en amont du réseau de distribution pour faire un diagnostic complet. « Chaque installation est particulière, chaque bilan est unique à chaque configuration », conclut-elle. Sans oublier de préciser qu’un plan de l’installation d’irrigation peut aider la personne qui devra s’occuper de l’irrigation en cas de problème.

(1) L’action Diagnostic du projet Optifraise a été réalisée par Myriam Carmentran-Delias, spécialiste fraise et les conseillers hydraulique de la Chambre d’agriculture de Lot-et-Garonne : Christophe Pineda (2016-2017-2018), Ouafa Yebba (2016-2017), Mailys Godefroy (2018).

Pour une distribution homogène

 

Le coefficient d’uniformité est l’indicateur le plus représentatif de la distribution. © M. Carmentran
Le coefficient d’uniformité (CU) est l’indicateur le plus représentatif de la distribution de la régularité de l’eau et des engrais. Il s’exprime le pourcentage de régularité des débits par goutteur.

 

CU > à 90 % : homogénéité de distribution très satisfaisante. Lorsque celui-ci est inférieur, les causes de cette hétérogénéité sont à rechercher (mauvaise plage de pression/matériel en place).

CU entre 80 et 90 % : les régularités sont affectées, il faut s’interroger sur les causes et prévoir une intervention.

CU < 80 % : agir rapidement pour homogénéiser l’irrigation.

Le CU s’obtient en mesurant les débits sur minimum 9 points (3 lignes avec contenants en début, milieu et fin de ligne) puis : (moyenne de 3 débits les plus faibles/moyenne des 9 débits) x 100

4 types de matériel d’irrigation rencontrés

 

L’action Diagnostic a permis de réaliser un total de 84 diagnostics sur 21 exploitations au cours des trois années de projet. Quatre catégories de matériel d’irrigation représentant de nombreuses marques et modèles ont été rencontrées.

 

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