Vers une stagnation de la production de biocarburants en Europe ?
Les industriels craignent de voir les volumes de biocarburants se stabiliser, voire régresser, sur le continent européen, en raison d'une réglementation trop opaque.
La filière européenne des biocarburants a exprimé ses inquiétudes quant à son avenir, lors d'une conférence organisée par Platts le 13 avril à Genève. Selon elle, la réglementation de l'UE n'offre pas suffisamment de garantie pour permettre à l'industrie de se développer. « Nous avons des objectifs de taux d'incorporation pour les biocarburants à l'horizon 2020, mais quid de 2030 ? Nous en avons besoin pour le post-2020, ou nous risquons l'extinction de la filière ! », s'alarme Sébastien Haye, consultant chez E4tech. Ce dernier s'attend par ailleurs à une baisse de la demande européenne en essence et en gazole, qui passerait respectivement d'environ 200 Mt et 100 Mt en 2010, à près de 150 Mt et 50 Mt en 2030, en raison notamment du développement d'alternatives (élec-tricité, moindre consommation des véhicules…). Le dernier rapport de Globiom donne une mauvaise image des biocarburants, autre élément pesant sur leur utilisation.
De nouveaux objectifs fin 2016 ?
Kevin McGeeney, courtier chez SCB, ne croit pas à la disparition de ” la filière européenne, mais s'inquiète des concurrents internationaux, tels que l'Argentine et l'Indonésie. « Le fait que l'Argentine ait obtenu partiellement gain de cause auprès de l'OMC pourrait inciter l'UE à revoir ses taxes à l'importation (pour les deux pays). Ainsi, nous nous attendons à une hausse des imports de biodiesel argentin et indonésien à l'horizon 2017. »
Le problème n'est pas réglementaire, mais relève de coûts de production trop élevés.
Ruta Baltause de la direction générale des énergies renouvelables au sein de la Commision européenne a tenté de rassurer les professionnels : « L'UE a conscience que nous ne pourrons pas nous passer des biocarburants pour atteindre nos objectifs de limitation de GES. » Selon elle, le problème principal de l'industrie n'est pas la réglementation, « mais des coûts de production encore trop élevés ». Et qu'une marge de progression existe. « Actuellement, nous sommes à 4,1 % d'incorporation de biocarburants en Europe, contre un objectif de 7 %. » Elle annonce également que, fin 2016, de nouvelles propositions seront faites pour améliorer l'effet des politiques publiques sur les biocarburants.