TTIP : la France, grande perdante pour ses productions animales
Vu les modes de production des élevages aux États-Unis et la performance de leurs outils d'abattage, les filières d'élevage françaises n'ont rien à gagner à un accord de libre-échange.
« La France est un grand pays exportateur ! Quand on regarde le TTIP, on est plus méfiant. Il existe quelques dossiers qui comportent une espérance comme les vins et spiritueux ou les produits laitiers. Mais sur tout le reste, nous sommes extrêmement sur la défensive », s'est exclamé Arnold Puech d'Alissac, administrateur à la FNSEA. Présent au colloque du 14 janvier sur « Les filières animales aux États-Unis dans la perspective d'un accord de libre-échange avec l'UE », organisé par le RMT Économie des filières animales, il a résumé la position de la France face au TTIP. Œufs, volaille, viande bovine et porcine, toutes ces productions seraient perdantes à la signature de cet accord. Ainsi Estelle Antoine, ingé-nieur de recherche à l'Institut français du porc (Ifip), cite en exemple le jambon, la longe ou l'épaule : « Malgré l'impact du fret et du taux de change, le constat est sans appel : les prix américains seront inférieurs aux prix européens ».
Le lobby laitier américain craint l'arrivée des fromages européens
« L'aloyau américain a un vrai avantage compétitif sur l'aloyau français », analyse Pauline Madrange, chef de projet à l'Institut de l'élevage, qui ne fait que confirmer la position très défensive de la France au sujet de la production bovine. Camille Deman, chargée d'étude économique à l'Institut technique de l'aviculture (Itavi), constate qu'entre jaune séché, pou-dre d'œuf ou poulet de cher, les États-Unis gagnent toujours la partie. « Les élevages aux États-Unis comportent 200.000 poules contre 60.000 en France ! », relève-t-elle. Reste le lait : si les États-Unis peuvent envoyer pour moins de 200 M€ de produits en Europe (86 % d'ingrédients issus du cracking du lait et 9 % de fromage), les États membres en retour, avec ses produits à forte valeur ajoutée, rendront la pareille mais pour plus d'un milliard d'euros (67 % de fromage, 27 % d'ingrédients issus du cracking du lait, 4 % de beurre), annonce Fabien Champion, son collègue. « Le lobby laitier est très fort aux États-Unis », rappelle-t-il, au point que les négociateurs « vont aller vers l'affrontement ».