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Export
Tenir ses positions en Afrique de l'Ouest

Les blés français assurent 70 % des importations

La consommation de blé tendre des populations d'Afrique subsaharienne, actuellement faible, ne demande qu'à augmenter. Or, « la production française stagne. Ainsi, la principale menace pour elle est la perte de parts de marchés en terme de proportion, faute de pouvoir fournir ses nouveaux clients potentiels », alerte Yann Lebeau, responsable du bureau de Casablanca au sein de France Export Céréales, gérant la promotion des blés français sur la zone. « Actuellement, il existe une concurrence des produits d'Allemagne et d'Europe de l'Est. Mais la principale menace pourrait être l'Amérique latine (Argentine, Uruguay), du fait de sa proximité géographique », témoigne l'expert. « Il est donc nécessaire pour la France d'accroître sa production pour être sûre de conserver ses positions, et ensuite envisager de conquérir de nouveaux marchés », projette-t-il. Plus en détail, l'Afrique subsaharienne ou Afrique de l'Ouest, couvrant une zone de près de 25 pays, allant de la Mauritanie à l'Angola, ne consomme que 10 à 25 kg de blé/hab./an, contre 75 pour les Français et 150 à 200 pour l'Afrique du Nord. Un gros potentiel existe.

“Attention à la concurrence d'Amérique du Sud : Argentine et Uruguay.

Les blés français assurent 70 % des importations

Dans ces pays, « la filière meunière est encore peu présente. Il n'existe souvent qu'un ou deux moulins par pays, alors qu'à titre comparatif, on en dénombre 150 pour le seul Maroc. Le marché de l'Afrique du Nord, très bien organisé, est très concurrentiel, que ce soit en termes de délai, de prix, de logistique ou de qualité », constate le chef de mission, et de préciser que « à contrario, le comportement des acheteurs subsahariens est sensible à d'autres critères, et le lien historique occupé par la France dans ces pays compte pour beaucoup dans l'équation d'achat des importateurs. » On remarque d'ailleurs que la France détient pour le moment environ 70 % de parts de marché dans cette région du globe (hors Nigéria), représentant 2,5 Mt de produits exportés.

Une relation de confiance

« Ce lien fort a généré une relation de confiance entre les clients africains et les fournisseurs français. Ainsi, même si un concurrent propose un prix significativement inférieur aux marchandises hexagonales, toutes proportions gardées, le meunier africain continuera de privilégier l'origine France. Le contact humain reste très important », analyse Yann Lebeau. Ce partenariat de longue date fait que l'utilisa-teur africain sait comment travail-ler les produits français. Pour faire sa farine, il mélange entre 70 et 85 % de blés hexagonaux avec 15-30 % de blés correcteurs, généralement canadiens, voire allemands. « Le sérieux français en termes de logistique est particulièrement apprécié par ces acheteurs exigeants, qui doivent impérativement sécuriser leurs approvisionnements et plages de livraison, de manière très rigoureuse », précise l'expert.

Formation de la filière amont et avale africaine

Une formation adaptée peut, dans des pays où tout est à faire, engendrer une évolution des habitudes alimentaires et des exigences des minotiers et des boulangers locaux. France Export Céréales organise dès maintenant des formations en meunerie pour les utilisateurs africains. Elle en développe également en boulangerie. L'une d'entre elles aura lieu sur Dakar en mai 2014, afin d'accompagner les moulins vers leurs clients.

L'acheteur africain veut des blés à 12 % de protéines.

Des blés tout terrain exigés

Néanmoins, l'Afrique noire n'est pas non plus de tout repos. La première difficulté réside dans la logistique. Un bateau arrivant sur un port africain doit souvent livrer plusieurs clients de la zone, générant une équation complexe en termes de rentabilité et de quantité. Les clients, n'ayant pour beaucoup que peu de capacités de stockage, la gestion de la qualité du ” produit final (la farine) peut poser problème. Compte tenu du faible niveau de formation de leurs boulangers, les meuniers sont obligés de mettre au point des farines fortes, capables de résister à toutes les tracasseries techniques imposées par la deuxième transformation. De ce fait, « l'acheteur africain veut un produit de qualité, des blés tout terrain, à 12 % de protéines, pour obtenir une farine dont la force boulangère est souvent supérieure à 260 de W », note le spécialiste, avant de préciser que « la livraison et la transformation doivent marcher du premier coup, avec un minimum de pertes ».

Les africains consomment simple

Du côté des clients en bout de chaîne, le marché est important et peu exigeant. « Les populations consomment actuellement le pain que les français mangeaient dans les années 70, à savoir un pain blanc de 150 g, volumineux et assez pauvre en goût. Ils sont également friands de beignets de farine de blé, que l'on trouve n'importe où : dans les épiceries, sur des postes d'alimentation mobiles... », souligne un meunier africain. D'après lui, le beignet coûte 10 francs CFA (2 cents d'euros), et la baguette 175 francs CFA (27 cents d'euros), ce qui est plutôt rémunérateur, si l'on compare avec le Maroc, (11 cents d'euros), ou encore l'Égypte, avec ses baguettes à 1 cent d'euros. Notons que les produits locaux peuvent concurrencer les produits à base de blé tendre. Si le pain vient à manquer ou devient trop cher, le manioc ou encore la banane plantain prendront le relai.

Une grosse marge de progression existe. Des moulins se construisent un peu partout, au Burkina Faso, au Mali, etc., constate le même meunier. Le marché mûrit, avec une population qui ne cesse de croître. Espérons que la France ne rate pas le train africain.

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