Six indicateurs pour détecter les périodes de fortes volatilités des prix
Une étude commandée par le ministère de l’agriculture fait le point sur les indicateurs à suivre, afin de prévoir les périodes d’instabilités des marchés.
Une étude commandée par le ministère de l’agriculture fait le point sur les indicateurs à suivre, afin de prévoir les périodes d’instabilités des marchés.
Comment détecter les périodes de calme avant la tempête ? Une étude du cabinet Riskelia et de l’ESCP Europe, publié en novembre, et commandée par le ministère de l’agriculture français, donne ses réponses. Six indicateurs permettraient de prédire de fortes variations de prix sur les marchés des grains.
Le premier indicateur consiste à observer les écarts de prix pour différentes périodes de livraison, entre le spot physique et la première échéance du marché à termes, mais aussi entre l’échéance rapproché et l’éloigné sur le marché à terme (écart d’un an), le "spread calendaire". Par exemple, une différence de prix trop important, dans un sens ou dans l’autre, entre le prix spot physique et la première échéance à terme précède souvent une période de forte volatilité. Ces écarts importants ont été observés lors des flambées des cours de 2007 et 2010, et le repli de 2008, indique l’étude. Concernant le spread calendaire, « ce dernier correspond à l'estimation des stocks par le marché dans une situation normale. Par exemple, si les stocks futurs sont élevés, alors il y aura pression sur les prix à court terme. Si cette corrélation s’inverse, cela peut précéder une période de crise », précise Jean-Noël Depeyrot, du centre d’études et de prospective du ministère de l’agriculture.
Un autre indicateur est la "volatilité implicite", au travers de l’étude des prix des options. Viennent ensuite les variations extrêmes sur courtes périodes, parfois l’œuvre de mouvements spéculatifs, qui précèdent celles sur plusieurs mois (comme lors de la flambée de mai 2007 à février 2008). Les écarts de prix entre commodités sont à surveiller. L’étude rappelle que le maïs était surévalué par rapport au blé et au soja avant la hausse de 2007. Attention aussi à la corrélation négative entre le ratio stocks/utilisation et les prix. Rupture ou intensification de cette corrélation ont précédé les fortes variations de 2007, 2008, 2012 et 2014. Enfin, les volumes échangés sur les marchés à termes constituent de meilleurs indicateurs que les positions ouvertes ou celles détenues par des opérateurs non commerciaux, signale l’étude. Les fortes hausses de prix en 2007, 2010 et 2012 ont toutes été précédées de volumes échangés supérieurs à l’habitude.
Les fonds indiciels : des "accompagnateurs" de tendance
L’étude ne permet pas de déterminer précisément l’effet des fonds indiciels sur les marchés physiques et à termes des grains. Néanmoins, elle observe « que les fonds indiciels ne déclenchent pas de nouvelles tendances, qui sont le résultat des fondamentaux propres aux marchés. En revanche, ils peuvent être des "accompagnateurs" de tendances, intensifiant la hausse ou la baisse des prix. », explique Jean-Noël Depeyrot.