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Céréales
Retour des acheteurs belges sur novembre-décembre en blé tendre ?

France Export Céréales table sur des exportations françaises 2019/2020 de blé tendre à 4,5 Mt sur la Belgique et les Pays-Bas. Joris van Veen, trader de Vanden Avenne Commodities, a donné sa vision du marché mondial.

Joris van Veen, trader de Vanden Avenne Commodities.
© Kévin Cler

Les exportations de blé tendre pourraient s’accélérer courant novembre-décembre, selon Joris van Veen, trader de Vanden Avenne Commodities, présent lors de la Bourse de Bruxelles le 25 septembre organisée par la Fegra (fédérations des négociants nationaux (Synagra), des négociants spécialisés dans l’import-export (Imexgra) et la Commission de la Bourse de Commerce de Bruxelles). « Le Royaume-Uni s’est retiré du marché actuellement. Cela pourrait faire de la place pour les Français », explique-t-il. Les exportations françaises de céréales, et notamment de blé tendre, « ont un peu de retard depuis le début de la campagne 2019/2020 sur la Belgique et les Pays-Bas », précise Martial Guerre, responsable de la zone UE de France Export Céréales (Fec). « Par crainte du Brexit, les Anglais avaient beaucoup exporté sur le Benelux, que ce soit en blé tendre ou en orges, empêchant les Français de pénétrer significativement ce marché. Mais maintenant, ils se sont retirés », explique-t-il.
Lors de la saison 2018/2019, les expéditions de blé tendre vers la zone Belgique/Pays-Bas s’étaient montrées dynamiques. « L’an dernier, la France en avait exporté 2,2 Mt sur la Belgique et 2,1 Mt sur les Pays-Bas de qualité majoritairement fourragère, contre plus ou moins 2 Mt pour chaque pays d’habitude », ajoute l’expert de Fec. Pour la campagne 2019/2020, « nous espérons faire encore un peu mieux : environ 2,3 Mt sur la Belgique et 2,2 Mt sur les Pays-Bas », soit au total 4,5 Mt environ. Si le blé français est actuellement compétitif, il faudra toutefois faire face à la concurrence allemande sur ces destinations, rappelle Stéphane Heusele, président de Fec, l’Allemagne disposant elle aussi d’une bonne moisson 2019.

De son côté, le maïs s’avère peu attractif en formulation comparé au blé tendre pour les fabricants d’aliments du Benelux, explique Joris van Veen. « Les prix français sont un peu trop élevés, conséquence d’une récolte qui ne s’annonce pas très bonne. De plus, les prix au départ de l’Ukraine ont chuté, et sont désormais 5 €/t environ moins cher que ceux du blé tendre en Caf Pays-Bas au 25 septembre (175 €/t pour le blé tendre et 170 €/t pour le maïs) », argue-t-il. Ce dernier ajoute que la nutrition animale belgo-néerlandaise continue de consommer des lots brésiliens achetés en février dernier, et ne se presse donc pas sur de nouveaux achats.

Inquiétudes persistantes sur la loi EGAlim

Concernant les questions légales au sein de la Fegra, Joris van Veen confirme les craintes des opérateurs belges quant à la loi EGAlim et l’inclusion dans les contrats d’indicateurs de marché. « Ces clauses ne sont pas claires pour nous et correspondent à une loi franco-française. Nous ne savons toujours pas quelles seront leurs conséquences réelles ». Les Belges ont besoin de graines françaises, et la volatilité n’a pas été débordante ces derniers mois, rappelle le trader. Ainsi, les échanges France/Nord-UE se sont finalement poursuivis normalement en 2018/2019, et devraient se maintenir en 2019/2020, rassure Joris van Veen. « Mais que se passera-t-il en cas de forte hausse de prix ? Verrons-nous les vendeurs français réclamer une revalorisation des contrats ? C’est une de nos craintes qui pourrait freiner les affaires à l’avenir », prévient ce dernier.

Pas de panique sur le marché mondial

Le marché international est actuellement qualifié d'assez atone par le trader Joris van Veen. « Nous ne voyons pas de panique majeure sur le marché : les acheteurs internationaux se couvrent en prenant leur temps, justifiant la relative stabilité des cours du blé tendre actuellement sur Euronext », explique-t-il.

Pour Joris van Veen, les prix du blé tendre ne devraient pas connaître une volatilité démesurée sur le marché à terme européen dans les prochains mois, soit d'octobre jusqu'à février environ. Une vision qui colle assez bien avec celle d'Agritel donnée il y a quelques semaines. « les volumes sont présents et de qualité en France, en Allemagne, en mer Noire, les stocks sont élevés aux États-Unis... Les acheteurs internationaux ne se pressent donc pas », relève le trader. En témoigne l'achat égyptien qui s'est réalisé en deux temps: l'un livraison octobre, l'autre livraison novembre. Ou encore l'absence d'achat algérien de blé tendre sur octobre. Toutefois, « les prix hexagonaux ont un potentiel de baisse faible, en raison d’agriculteurs français qui ne peuvent guère vendre plus bas ». De plus, bien que la demande ne soit pas exceptionnelle, cette dernière reste présente. Ces éléments pourraient donc faire remonter les cours quelque peu, sans flamber pour autant.

Joris van Veen a une vision un peu plus baissière concernant le maïs sur octobre-février. « Les récoltes sont bonnes et les prix bas au départ de l'Amérique latine. Le marché s'attendait à une récolte états-unienne à 315-320 Mt en juin-juillet, mais l'USDA la voit finalement à 350 Mt ». Ajoutons à cela la bonne récolte ukrainienne attendue. Les récoltes aux États-Unis et les semis en Amérique latine seront des "drivers" du marché du maïs à suivre avec attention, d’après Joris van Veen.

 

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