Tour de plaine
Récolte française 2019 de blé tendre proche des 40 Mt
La qualité des lots s’avère bonne globalement, bien que certains secteurs aient quelques soucis. Les récents incendies n’ont guère d’effet sur le bilan global.
La qualité des lots s’avère bonne globalement, bien que certains secteurs aient quelques soucis. Les récents incendies n’ont guère d’effet sur le bilan global.
La fourchette de 38-39 Mt de récolte française 2019 de blé tendre avait été évoquée le 26 juillet dernier par François Berson, directeur Collecte de Soufflet Agriculture. Agritel annonce, le 29 juillet, un chiffre temporaire de 39,17 Mt (+14,9 % par rapport à 2018), un plus haut depuis trois ans. Lionel Gibier, directeur du pôle végétal de la Scael, parie sur la fourchette de 39-40 Mt, mais ne serait pas étonné « que la barre des 40 Mt soit atteinte ». Stratégie Grains table de son côté sur 38,98 Mt au 30 juillet, « chiffre qui pourrait être revu à la hausse », selon Benoît Fayaud, analyste. La récolte est bien avancée, bien que des parcelles en Normandie et dans le Nord restent à couper.
Les fortes chaleurs de l’été ont fait plus de peur que de mal. « Je pense qu’il y a eu un effet canicule. Des équipes d’Arvalis en région rapportent que les fortes températures ont affecté quelques parcelles. Mais les conditions ont été suffisamment bonnes au printemps pour que les cultures résistent […]. Nous aurions pu avoir des résultats encore meilleurs ! », précise Jean-Charles Deswartes, ingénieur d’Arvalis. Les rendements s’annoncent en hausse un peu partout dans le pays, s’approchant parfois des records historiques. Les taux de protéines rapportés sont globalement bons, malgré une certaine hétérogénéité. La façade Atlantique connaît, par exemple, quelques soucis de taux bas (certains lots à 10-10,5 % de protéines), ainsi que des problèmes de P/L (rapport entre l’élasticité et l’extensibilité de la pâte issue de farine de blé, inférieur à 2 dans certains cas), confirme Nathan Cordier, analyste d’Agritel. « Mais ces problèmes sont très localisés », tempère-t-il.
Sur la zone de la Scael (Beauce, Bassin parisien), les rendements s’élèvent en moyenne à 86 q/ha, rapporte Lionel Gibier. « Les terres bien arrosées peuvent afficher jusqu’à 95 q/ha. Les terres légères présentent parfois du
75 q/ha. » Du côté de la qualité, la satisfaction est de mise, les taux de protéines s’élevant à « 11,7 % en moyenne, les poids spécifiques (PS) sont lourds, à 80 kg/hl, et les taux d’humidité sont bas, à 12 %, ce qui nous permettrait de concurrencer les blés russes sur l’Afrique subsaharienne », se réjouit l’expert de la Scael. Sur le secteur de Soufflet, qui s’étend de l’Ouest à l’Est du pays, les taux de protéines sont corrects, à 11,5 % en moyenne, « suffisant pour répondre à la demande à l’export », explique François Berson. Les blés affichent des PS également élevés, à 81 kg/hl, et de bonnes forces boulangères.
L’élément à scruter : les surfaces états-uniennes de maïs !
En termes de prix, Agritel est plutôt neutre à court terme. « Le bilan mondial n’est ni confortable, ni tendu. Les États-Unis ne vont pas avoir une très bonne récolte, alors que la situation est bonne en France et dans l’UE. L’important sera de suivre le rapport USDA du 12 août, qui sera plus précis au sujet des surfaces états-uniennes de maïs », alerte Nathan Cordier. Si les surfaces états-uniennes baissent fortement, les industriels pourraient se tourner davantage vers le blé tendre, et donc faire monter les prix.
Les récents incendies en France ont affecté plusieurs milliers d’hectares de céréales. Toutefois, « les surfaces touchées sont faibles. Ainsi, l’impact sur les volumes devrait être minime », estime Benoit Fayaud.