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Spécial Nutrition animale
Quelles alternatives au soja américain ?

Si la France a pu réduire sa dépendance au soja ces dernières années, des sources protéiques nationales pourraient permettre de limiter davantage le recours aux importations du tourteau.

Parmi les sources protéiques utilisées en nutrition animale, le tourteau de soja est le roi. Limitée en France, la production de graines a très nettement reculé depuis 2001. Une situation conduisant à une importation massive de tourteaux (modéré ces dernières années par l’offre en tourteaux de colza) ou de graines, notamment destinées à la trituration notamment. Ainsi la France a importé près de 3Mt de tourteaux de soja cette année et 655.000 t de graines (FAM). Une situation entraînant une dépendance protéique de 39% à l’échelle française (70% au niveau européen). Mais des solutions pour réduire les importations existent.

Les protéagineux peinent à retrouver leur place
A l’image du soja, la production de pois hexagonale a fortement reculé,  à 553.000 t en 2012 (avec un débouché surtout tourné vers l’alimentation humaine à l’export). Le pois fourrager est une production qui peut se développer, mais sous conditions, sa perte de compétitivité l’ayant fait reculer dans les parcelles en France ces dernières années. Même s’ils s’en sont progressivement détournés, les Fabs estiment que le pois reste intéréssant. « C’est une excellente matière première d’un point de vue agronomique et politique car c’est de la protéine nationale. Il a des qualités technologique et nutritionnelle appréciées, mais il n’est pas obligatoire, d’autant que les volumes de production sont instables », explique Jean-Michel Gestin, directeur des achats de la Cecab. « Nous l’incorporons jusqu’à 2% dans nos aliments, alors qu’il pouvait représenter 6% au début des années 2000 », explique pour sa part Christophe Chrétien, directeur de Sanders Bretagne. Chez InVivo NSA, le pois est tout simplement sorti des formules. « Le pois est peu disponible. Pour le réintégrer, il faudrait écarter une autre MP aux volumes garantis  » explique Pierre Lemoine, directeur des achats d’InVivo-NSA.

Les coproduits des grains, intéressants mais sans MAT
Les coproduits présentent un intérêt non négligeable. Le tourteau de colza, avec l’essor des biocarburants, a su rentrer dans les formules. Les industriels regrettent toutefois l’absence d’outil de couverture et attendent la mise en place du marché à terme, actuellement en discussion. Les issues de meunerie, les drèches ou encore les productions déshydratées sont aussi appréciées mais, là encore, les fabs notent la difficulté d’arbitrage pour ces matières premières. Notons que les luzernes déshydratées et les pulpes de betteraves sont essentiellement vendues à long terme, de trois mois à un an. Ainsi, il faut bien souvent se dépêcher pour s’approvisionner sur ce type de matières premières dont les disponibilités sont souvent vite épuisées.

Les PAT : pas pour demain
Les protéines animales transformées (PAT) pourraient voir leur retour autorisé dans l’alimentation des porcs et des volailles l’an prochain au niveau européen. Bien que celles-ci représenteraient un fort intérêt pour les fabs, ces derniers ne sont pas encore prêts à les réincorporer dans leur formules. « Ne pas utiliser de PAT est un appauvrissement pour le pays. Bien valorisées, les abattoirs pourraient en plus améliorer leur rentabilité », estime Jean-Michel Gestin. Mais la crise de la vache folle est passée par là. Globalement, les fabs ne souhaitent pas être les promotteurs des PAT. « Leur intérêt est réel, nous n’en serons pas les iniateurs », assure Christophe Chrétien.

Relancer la production française de soja
« L’Europe va développer sa production de soja », assure Gérard Tubéry, président de la Fop. En France, la production  tourne autour de 100.000 t par an pour des surfaces comprises entre 35 et 50.000 ha (FranceAgriMer). Ces filières se sont développées (surtout en alimentation humaine) pour assurer une traçabilité de la graine de soja, plus que pour palier au surcoût de la graine américaine non OGM (passé de quelques euros la tonne à plus de 70 €/t depuis la création de la filière). Mais même avec de la volonté, le développement resterait limité. «Le potentiel de surfaces en France est de 200.000 ha, dont 150.000 ha en cutures irriguées», estime Fabien Lagarde, directeur technique du Cetiom. à condition d’obtenir des soutiens politiques forts et d’une bonne organisation en filière pour assurer un débouché… Car il sera difficile, pour ne pas dire impossible, de concurrencer les soja OGM américains en nutrition animale dans le contexte actuel.

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