L'essor des grandes cultures biologiques passe par la contractualisation pluriannuelle
Des mouvements spéculatifs perturbent le marché bio
N « ous sommes tous, acteurs de l'agriculture biologique, en phase avec la nécessité de la contractualisation pour développer la production des grandes cultures, a déclaré Nicolas Lecat, DG d'Agribio Union, lors du Forum Avenir Bio, le 9 octobre à Paris. Nous sommes nous-mêmes impliqués dans des filières, comme Bio Solidaire, avec des engagements sur trois ans en termes de prix minimum ou tunnels de prix, pour protéger l'agriculteur et le transformateur de la volatilité des cours des matières premières. »
Des mouvements spéculatifs perturbent le marché bioUn avis partagé par Pascal Gury, président du groupement Bio Cavac, qui travaille, « avec des fabricants d'aliments pour animaux et des meuniers, via des contrats pluriannuels de trois et cinq ans, basés sur un volume donné de blé tendre, maïs ou triticale ». Par ce biais, la coopérative peut « garantir à l'agriculteur un prix minimum de la céréale sur la durée du contrat et au transformateur une visibilité à long terme », très utile dans leurs négociations commerciales avec la distribution. « Cependant, cette stratégie a ses limites puisqu'elle fonctionne bien sur un marché global, bien maîtrisé en termes d'offre et de demande », tempère Nicolas Lecat. Ce qui n'est pas le cas du secteur des grandes cultures bio. « Je suis très inquiet de la situation actuelle. Car, si nous sommes très satisfaits de voir que le marché progresse de 5 à 10 % par an chez nos transformateurs, la croissance de la production agricole est arrêtée depuis 2011-2012. » L'extrême tension, régnant aujourd'hui sur le marché, génère « des mouvements spéculatifs qui perturbent justement toutes les entreprises qui s'inscrivent dans des schémas de filières avec des visions long terme », s'alarme le DG d'Agribio Union.
Hausse des aides à la conversion en grandes culturesD'où son appel au gouvernement, pour « avoir rapidement de la visibilité et des confirmations sur les aides à la conversion et au maintien destinées aux producteurs de grandes cultures, afin de rattrapper le retard, qui se creuse entre la production et la demande des transformateurs ». « Si le montant des aides à la conversion pour les grandes cultures est maintenant connu car relevant du cadrage national, confirme Françoise Simon, représentante du ministère de l'Agriculture, il y a encore des discussions concernant l'aide au maintien, qui dépend de l'engagement des régions. » Et Elisabeth Mercier, directrice de l'Agence Bio, de préciser : « Pour le secteur des grandes cultures, le signal est très positif, puisque l'aide à la conversion, ouverte de plein droit dans toutes les régions, et sans plafond, passe de 200 t/ha sur 2007/2014 à 300 t/ha sur 2015/2020. Avec possibilité pour les agriculteurs déjà engagés de bénéficier du nouveau montant, dès qu'il sera concrètement en vigueur... »