Production Céréales
Les surfaces françaises de blé dur pourraient reculer de 20 % cette année !
D’après les premières estimations d’Arvalis-Institut du végétal, le sud-ouest du pays pourrait perdre 30 à 35 % de ses surfaces de blé dur.
D’après les premières estimations d’Arvalis-Institut du végétal, le sud-ouest du pays pourrait perdre 30 à 35 % de ses surfaces de blé dur.
Bien que les semis ne soient pas encore terminés, le marché ne se fait guère d’illusion : en France, il y aura moins de surfaces semées en blé dur en 2018 qu’en 2017. « Selon de premières estimations, il se pourrait que l’aire réservée au blé dur passe sous la barre des 300 000 ha, soit une baisse de 18-20 % d’un an sur l’autre (359 000 ha en 2017) », témoigne Matthieu Killmayer, ingénieur régional Sud-Ouest, animateur de la filière Blé dur à Arvalis-Institut du végétal.
Prix de blé dur trop bas pour les producteurs
Les prix bas et les soucis de qualité dans le sud de l’Hexagone sont les principaux facteurs avancés par les experts justifiant le manque d’allant actuel des agriculteurs pour le blé dur. « La différence de prix entre blé tendre et blé dur est trop faible pour le moment. Même si les prix remontaient maintenant, la décision chez bon nombre de céréaliers est déjà prise : ils réduiront, voire ne sèmeront pas, de blé dur », confie un courtier.
Paradoxalement, les conditions météo ont été plus sèches dans le nord de la France et plus humides dans le sud du pays. « Le déficit hydrique sur la zone Ouest-Océan (entre Bordeaux et Nantes) et le Centre (Beauce) engendre quelques inquiétudes, avec des levées hétérogènes », alerte Matthieu Killmayer. Mais ce dernier précise qu’il est trop tôt pour tirer des conclusions, car si la météo s’améliore dans l’année, les rendements devraient être au rendez-vous. D’après Arvalis-Institut du végétal, la baisse des surfaces serait de 12 à 15 % sur le secteur Ouest-Océan et le Centre.
Christophe Rivayran, responsable Développement Grandes cultures sur la zone sud-ouest d’Arterris, juge la campagne de semis de blé dur correcte en termes météo et agronomiques. « Il y a eu du retard à cause des pluies, mais il a depuis été rattrapé. Les semis sont faits à 85-90 %. Les quelques surfaces restantes se situent dans l’Aude essentiellement, affectée par les inondations. » S’il ne pleut pas trop, les travaux devraient être achevés fin novembre-début décembre, d’après l’expert. D’autres analystes sont plus pessimistes. Arvalis-Institut du végétal s’attend à une baisse des surfaces de 30 à 35 % dans le Sud-Ouest d’un an sur l’autre. « Le tournesol a été récolté tardivement dans certains secteurs, retardant les semis de blé dur », précise Matthieu Killmayer. Par ailleurs, des agriculteurs, particulièrement affectés par la mauvaise qualité 2018 sur cette zone géographique, se tournent vers le blé tendre et l’orge – moins chers et moins risqués – ou les blés améliorants – mieux rémunérés –, détaille le spécialiste.
Secteurs à ressemer dans le Sud-Est !
Dans le Sud-Est, « la baisse des surfaces est tendancielle. Les céréaliers s’orientent vers d’autres cultures à forte valeur ajoutée, notamment les plantes aromatiques ou les semences […] En Camargue, les fortes pluies ont obligé les agriculteurs à tout ressemer. On estime les emblavements réalisés à seulement 5 % ! », alerte le courtier. Plus on remonte dans la vallée du Rhône, plus les semis sont avancés, ajoute-t-il. Si le retard est rattrapable, il faut aller vite : au-delà de début décembre, il ne sera plus possible de semer. Arvalis-Institut du végétal estime la baisse des surfaces de 15 % environ d’un an sur l’autre, mais le courtier estime qu’elle pourrait être de l’ordre de 25 %.