Biodiesel
Les représentants de la filière française pessimistes
Les principaux syndicats de la filière biodiesel hexagonale et le groupe Avril ont précisé leurs positions sur le biocarburant argentin et l'impact de son arrivée dans l’UE.
Le 6 octobre 2017, le groupe Avril annonçait un projet de réduction de ses activités de trituration et d’estérification de colza, gérées par sa filiale industrielle Saipol, conséquence de la concurrence du biodiesel argentin à venir. La consommation de graines du 1er triturateur français est projetée en recul de 1 Mt entre 2017 et 2018, à 2,5 Mt, et sa production de biodiesel passerait de 1,3 Mt à 0,7 Mt sur la même période. Bien que l’EBB (European Biodiesel Board) ait déposé une plainte auprès de Bruxelles fin septembre 2017, au motif que l’Argentine subventionne ses exportations, le marché français et communautaire « sera menacé au moins 6 à 9 mois, le temps que la Commission examine la plainte et prenne des décisions », explique Kristell Guizouarn, présidente d’Esterifrance, lors d’une réunion informelle avec la presse le 11 octobre à Bruxelles, où étaient également présents la Fop et le groupe Avril. Dans ce laps de temps, près de 1,75 Mt de biocarburant argentin devrait inonder l’UE, dont 1 Mt en France. « Le marché français est le plus exposé, avec la présence de nombreux ports maritimes. Le second pays le plus touché devrait être l’Espagne », précise Jean Philippe Puig, gérant du groupe Avril.
Près de 230 emplois au sein de Saipol sont menacés de chômage partiel sur février-juillet 2018, estime le groupe Avril. « Les probabilités sont fortes pour que l’usine de Sète s’arrête totalement entre février et juillet. D’autres usines devraient fonctionner à 50 % de leurs capacités », indique une source privée proche du dossier, qui précise que les négociations avec les représentants des salariés sont en cours.
Red II voté durant le 1er semestre 2018
Outre la concurrence argentine, rappelons que Bruxelles, par l’intermédiaire du projet de directive Red II, souhaiterait abaisser les taux d’incorporation d’huiles végétales dans les carburants de 7 % à 3,8 % entre 2021 et 2030. Le vote définitif interviendrait durant le 1er semestre 2018, selon Kristell Guizouarn. « Le service agriculture de la Commission s’est montré favorable à nos demandes, à savoir un maintien d’un taux d’incorporation à 7 %, 15 % d’énergie renouvelable dans les transports à l’horizon 2030, et l’interdiction d’usage de biodiesel de palme en Europe. Mais des groupes parlementaires, tels que les comités Itre et surtout Envi le sont beaucoup moins », précise-t-elle. L’issue du débat reste donc très indécise.