Le blé français a ses chances au Moyen-Orient
L'Arabie saoudite confirme ses potentialités pour le blé made in France. L'Iran sera plus difficile à atteindre, mais l'Hexagone y a déjà envoyé des volumes par le passé.
Depuis l'an dernier, l'Arabie saoudite importe l'intégralité de son blé, ayant stoppé sa production. Les possibilités pour les blés français de se positionner sur cette destination se confirment, d'autant que « nous avons déjà envoyé 300.000 t il y a deux à trois ans », indique Roland Guiragossian, responsable du bureau du Caire chez France Export Céréales.
Un moulin dédié au 11 % de protéines en Arabie saoudite
L'Arabie saoudite représente un marché d'environ 3,2 Mt de blé par an, dont les achats sont intégralement gérés par l'organisme public Saudi Grain Organization (SGO). Le pays recherche essentiellement du blé à 12,5 % de protéines, avec un PS de 77 kg/hl, un niveau de gluten humide à 26 % et une humidité à 13 %. Mais un marché du blé à 11 % s’est créé. « Il existe une spécification pour le blé à 11 %. Les appels d'offres pour ce type de blé devraient être relancés dans l'avenir dès la finalisation de la construction d’un moulin dédié à ce type de blé », confie R. Guiragossian.
L'Arabie saoudite devrait maintenir sa politique de soutien à la demande de pain.
Si la baisse des cours du pétrole n'est pas une bonne nouvelle, réduisant les capacités d'achat et le budget du pays, la politique de soutien de la demande intérieure ne devrait pas être affectée, selon le spécialiste. « L'Arabie saoudite subventionne la farine essentiellement et devrait vraisemblablement continuer à le faire. » Les habitants consomment essentiellement du pain plat arabe (la pita) et pakistanais (le pain tannour), élaborés dans des fours verticaux.
Des besoins iraniens en blé entre 1 Mt et 6 Mt
Un autre débouché potentiel est l'Iran. « Ce marché est toutefois plus difficile, vu les exigences en termes de taux de protéines, à 12,5 % (pour le privé essentiellement), avec un niveau de gluten humide à 26 % », prévient R. Guiragossian. Le pays se fournit essentiellement en marchandises russes, bien que la France soit parvenue à y placer quelques volumes par le passé. « Mais ce fut lorsqu'il n'y avait plus d'offre ailleurs », tempère l'expert. À l'image de l'Égypte, il existe un marché privé et un public. Ce dernier est géré par le GTC (Governmental Trading Corp), qui a des cahiers des charges différents selon les origines. Les besoins iraniens sont variables, en fonction des récoltes du pays. « On estime les besoins d'importation entre 1 et 6 Mt », précise l'expert. Le marché privé pourrait importer cette année entre 1 et 2 Mt, pour les mélanger aux blés produits localement.
La baisse des cours de l'or noir pourrait impacter les politiques de soutien à la demande du pays. « L'Iran, à l'image de l'Arabie saoudite, subventionne la farine. En revanche, on assiste à un début de libéralisation du prix du pain, avec contrepartie financière aux plus nécessiteux », confie R. Guiragossian. Le spécialiste explique que les iraniens consomment quatre types de pains différents : le Sangak, le Lavash, le Barbari et le Taftoon, dont certains faits dans des fours verticaux.