Aller au contenu principal

« Dans les situations à faibles potentiels, les associations trouvent de l’intérêt »

Maître de conférence en agronomie à l’Ensfea(1), Laurent Bedoussac s'intéresse depuis plus de dix ans aux associations d’espèces, en particulier céréales protéagineux. Il travaille aujourd’hui sur le projet européen Remix, qui vise à concevoir des systèmes de production plus agroécologiques en intégrant les associations. Et il nous donne son point de vue sur l'intérêt des associations en grandes cultures.

Laurent Bedoussac, à l'Ensfea. "Peut-être cela vaut-il le coup de laisser 10 à 15 % de grains au champ pour ne pas avoir de grains cassés et trier facilement la récolte ?"
© ENSFEA

Quelles sont les situations où les associations céréales-protéagineux ont aujourd’hui un intérêt commercial en conventionnel ?

Des mélanges de type lentilles-blé ou pois chiche-blé sont intéressants : les lentilles comme le pois chiche dégagent une forte valeur ajoutée. Les associer à du blé facilite la récolte car ces cultures sont un peu plus hautes, sans nuire au rendement. Mais ce sont des marchés très spécifiques. En conventionnel, les associations plus classiques (blé-pois, par exemple) ne sont pas bien valorisées, entre autres parce que les engrais azotés ne sont pas assez chers pour donner un réel intérêt à l’azote qu’apportent les légumineuses. Et il y a les contraintes de désherbage. Mais dans les situations à faibles potentiels, les associations trouvent de l’intérêt. Le niveau de production attendu est faible de toute façon, il faut donc réduire les charges et c’est intéressant de travailler en bas intrants. Dans ces cas-là, les cultures associées produisent plus.

Le tri est un vrai frein au développement des associations. Comment abordez-vous ce sujet ?

Dans le cadre du projet européen Remix, nous sommes en lien avec les établissements Denis, par exemple, qui construisent des trieurs. Ils ont développé un modèle qui prend en compte les besoins spécifiques de tri en cultures associées. Améliorer le matériel de tri est une piste de travail. L’optimisation de la moisson en est une autre. Toujours dans le cadre de Remix, nous travaillons avec Agco, qui va faire avec nous des tests de récolte sur les cultures associées. Le réglage des machines doit être abordé. Notre idée est de voir quelles sont les marges de manœuvre à ce niveau. Peut-être cela vaut-il le coup de laisser 10 à 15 % de grains au champ pour ne pas avoir de grains cassés et trier facilement la récolte ? Nous ferons les premiers tests à la récolte 2019.

Quelle pourrait-être, selon vous, la place des associations dans les assolements de demain ?

Pour moi, les associations de cultures vont servir à minimiser les risques. C’est un moyen de diversifier le panier de cultures. Sur une parcelle donnée, l’association permet d’avoir un rendement si le climat a été mauvais pour les céréales, car le protéagineux prendra le dessus. Et inversement. Il faudra arriver à raisonner leur intérêt à l’échelle de la rotation, en termes de marge.

(1) École nationale supérieure de formation de l'enseignement agricole.

Les plus lus

À qui profitent vraiment les dons de blé russe?

Li Zhao Yu, Yann Lebeau, Roland Guiraguossian et Delphine Drignon, experts du département relations internationales…

Crues dans l'Yonne : quelques questionnements sur les rendements à venir

Les pics de crues atteints, tout va dépendre maintenant de la rapidité des eaux à baisser.

Pourquoi le Maroc devrait encore importer beaucoup de céréales en 2024/2025?

Yann Lebeau, responsable du bureau de Casablanca au sein du département relations internationales d’Intercéréales, a fait le…

Oléagineux - Comment Saipol va accroître ses capacités de trituration à Sète et Lezoux

L'usine de Sète de la société Saipol, filiale du groupe Avril, triture de la graine de colza, tandis que celle de Lezoux broie…

Incendie - Quand va redémarrer l'usine de trituration de colza de Sète de Saipol ?

L'usine de Saipol dispose d'une capacité annuelle de trituration de graine de colza de 600 000 t à 700 000 t. L'unité d'…

L'Inde redevient importateur en blé malgré une production record

L'Inde continue d'être un gros consommateur de blé.

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 352€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne