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Marché mondial
Céréales : les exportateurs français « optimistes »

FranceAgriMer table sur des exportations hexagonales de blé tendre vers les pays tiers à 11,7 Mt pour 2019/2020. Toutefois, la Russie reste menaçante.

© JM.Rieupeyrout

Le temps de la déception algérienne serait révolu selon FranceAgriMer (Fam), place désormais à la "positive attitude" du côté des exportateurs français de blé tendre. « Ils sont optimistes. La demande internationale est là, et les prix nationaux calculent à peu près sur toutes les destinations », s’est exprimée Marion Duval, adjointe au chef de l’unité grains et sucre de Fam, lors de la conférence de presse le 9 octobre à Paris suivant la réunion du conseil spécialisé des céréales la veille. Raison pour laquelle l’institut public a revu à la hausse ses prévisions d’expéditions sur pays-tiers pour la campagne commerciale 2019/2020 de 0,7 Mt entre septembre et octobre, à 11,7 Mt. « Il s’agit d’une estimation conservatrice. Certains exportateurs tablaient sur des chiffres plus élevés », commente Marion Duval.

Des Argentins moins présents sur l’Afrique de l’Ouest ?

L’absence d’achats Algériens en octobre inquiétait le marché. Mais par la suite, le Maroc a octroyé à l’UE un contingent de 576 000 t de blé tendre. Ensuite, « l’Égypte a acheté trois bateaux de blé tendre hexagonaux, contre zéro l’an dernier », rappelle Marion Duval. Les conditions de cultures en Australie et en Argentine seront à suivre avec attention, tout comme celles au Canada et aux États-Unis. « Les exportateurs s’attendent à ce que l’Argentine soit un peu moins présente sur l’Afrique de l’Ouest, qui pourrait profiter à la France », précise l’experte de Fam.

Néanmoins, il convient d’être prudent, la Russie n’ayant pas réellement démarré sa campagne de commercialisation. « Il y a de la rétention de la part des producteurs locaux, qui espèrent de meilleurs prix. Le renforcement du rouble par rapport au dollar peut également être un élément justifiant cette attitude », explique Marion Duval. Ainsi, les Russes pourraient intensifier leur présence dans les prochains mois et continuer à exporter en seconde partie de campagne, susceptible de pénaliser les origines françaises. Sans oublier l'Ukraine, qui bénéficie d'une excellente récolte et d'expéditions rythmées.

En orges, l'optimisme est également de mise du côté des expéditions françaises. Ces dernières sont attendues à 7,15 Mt en octobre par Fam, contre 6,98 Mt en septembre. Ceci en raison de prix hexagonaux attractifs, et d'une demande chinoise et saoudienne présente. « Les exportateurs sont optimistes quant aux expéditions françaises sur l'Arabie Saoudite », complète Marion Duval.

Fortes tensions sur le marché mondial du blé dur

Le marché du blé dur s'avère très tendu. « Plus de 50% de la récolte canadienne est dégradée, de CWAD (Canada Western Amber Durum) 3, 4 et 5 », souligne Marion Duval. Les intempéries aux Etats-Unis pénalisent également la qualité des lots dans le nord du pays. Enfin, la sécheresse en Espagne a réduit la récolte nationale, limitant le potentiel exportateur du pays, et des soucis de qualité sont rapportés dans le Centre de l'Italie. Conséquence : la France pourra exporter davantage, notamment sur l'Italie et le Maghreb, les lots nationaux étant de bonne qualité. Fam a révisé en hausse de 0,1 Mt les expéditions nationales pour 2019/2020 d'un mois sur l'autre, à 1,1 Mt. Les stocks tomberaient au plus pas, à 0,152 Mt. Une hausse des prix plus conséquente encore n'est pas à exclure, selon les experts de Fam. La bonne tenue des prix actuelle du blé dur « pourrait inciter les surfaces hexagonales à progresser. C'est une information à prendre avec la plus grande prudence, mais des échos nous rapportent une hausse des surfaces dans le Centre », déclare Marion Duval.

Résultats très hétérogènes en maïs

Du côté du maïs, Fam n'a guère fait évoluer ses projections d'exportations françaises. Les stocks régressent quelque peu, passant de 2,24 Mt à 2,12 Mt d'un mois sur l'autre, compte tenu d'une révision à la baisse de la production nationale, qui passe de septembre à octobre de 12,10 Mt à 11,84 Mt. « Les premiers échos de rendements sont très hétérogènes. On nous rapporte des chiffres allant de 50 q/ha à 120 q/ha », alerte Benoît Piètrement, nouveau président du conseil spécialisé des céréales de Fam. En termes d'évolution de prix, l'indicateur à suivre est bien entendu les rendements aux Etats-Unis, rappellent les experts de l'organisme public. Le rapport de l'USDA du 10 octobre permettra d'en savoir plus.

 

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