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Ambiance morose dans le Piémont

Dans le Piémont comme dans toute l’Italie, la consommation de viande bovine est mal orientée. Le moral des engraisseurs est atteint. Ils dénoncent pêle-mêle la concurrence de la viande importée, la montée en puissance de la grande distribution et la nouvelle PAC pénalisant leurs systèmes très intensifs.

Luca Giordana , technicien d'Asprocarne, et Mario Panero, éleveur dans le Piémont et président d'Asprocarne, dans l'exploitation des frères Panero, où sont élevés des taurillons issus de broutards blonds achetés en France.
Luca Giordana , technicien d'Asprocarne, et Mario Panero, éleveur dans le Piémont et président d'Asprocarne, dans l'exploitation des frères Panero, où sont élevés des taurillons issus de broutards blonds achetés en France.
© F. d'Alteroche

Le nombre d’animaux nés en France et engraissés dans le Piémont est sur la pente descendante - 208 194 animaux en 2011, 179 484 en 2014. Mais cette érosion serait plus limitée qu’en Lombardie, Emilie-Romagne et Vénétie, les trois autres régions où est concentré l’essentiel de l’activité d’engraissement.

La particularité des ateliers du Piémont est leur dimension. Ce sont le plus souvent des unités familiales de taille modeste, au moins pour les surfaces exploitées, avec en revanche des niveaux de chargement conséquents. L'autre particularité de ces ateliers est la recherche de carcasses haut de gamme avec une spécialisation dans les animaux à la fois fins d’os et bien conformés. Définition correspondant à des Blonds, des Limousins un peu triés ou se situant dans le haut du panier s’il s’agit de croisés ou de Charolais. « Beaucoup de consommateurs italiens et la plupart des Piémontais achètent d’abord avec les yeux. Pour eux, une viande doit être claire et maigre pour être bonne. Pour cela, les animaux gagnent à être abattus à moins de 18 mois avec une note d’état qui ne doit pas dépasser 2 », explique Luca Giordana, responsable technique d’Asprocarne, une organisation de producteurs basée au sud de Turin, dont la mission est, à côté du volet technique et de la qualification des élevages, de promouvoir et permettre la meilleure valorisation des animaux produits par ses adhérents.

Nette dégradation à partir du second semestre 2014

Comme son nom l’indique, le Piémont est le berceau de la Piémontaise. Une jolie vache grise aux muqueuses sombres, voisine de la Gasconne côté robe et proche de la Parthenaise niveau conformation. Avec son cuir fin sur une ossature peu développée et une viande maigre comme la plupart des races très conformées, elle fait référence pour ses qualités bouchères. Attachés à leurs spécificités, les acteurs de l’engraissement du Piémont les mettent volontiers en avant et les opposent aux unités d’engraissement « industrielles » situées plus en aval de la plaine du Pô. Là-bas, les animaux sont finis dans des ateliers de grande dimension et produisent des carcasses plus « ordinaires » côté conformation et rendement. Et elles sont plus fréquemment destinées à la grande distribution. « L’engraissement est une activité importante pour l’agroalimentaire du Piémont. Même si la production régionale est en baisse régulière depuis quelques années, elle représente autour de 12 % de la production italienne de viande bovine », explique Mario Panero, engraisseur sur une exploitation familiale (voir pages ??) et président d’Asprocarne. Et de mettre aussi en avant ses nombreux emplois découlant de cette activité.

« Au premier semestre 2014, l’offre et la demande ont été à peu près en équilibre sur le marché italien de la viande bovine. La situation s’est nettement dégradée au second semestre. Nous avons été confrontés à une forte progression des importations venues de toute l’Europe en lieu et place de viandes produites localement avec un impact évident sur les prix », indique Mauro Capello, vice-président d’Asprocarne et plus spécialement en charge des questions commerciales. « Les centrales d’achat des GMS sont gérées par des financiers. Ils raisonnent le choix de ce qu’ils vont mettre en rayon selon la marge dégagée au mètre linéaire. Leur obsession première n’est pas tant la qualité du produit ni l’exigence de qualité du consommateur. L’idée c’est d’abord d’attirer ce dernier par l’effet prix. »

Donner priorité à la viande locale

Une des missions d’Asprocarne est donc de mettre en avant la viande produite localement. Qu’elle soit 100 % locale comme la Piémontaise ou bien issue d’animaux nés en France et engraissés en Italie. « La difficulté est de se battre contre les partisans de la 'viande anonyme'. Dans un pays où la viande importée assure une part conséquente de la consommation, ils ont forcément intérêt à ce que l’étiquetage informant sur la provenance soit le plus discret possible », précise Simone Mellano, directeur d’Asprocarne.

La progression régulière de la part des importations dans la consommation italienne est un sujet sensible. Et le président d’Asprocarne de dénoncer la concurrence des viandes importées des pays tiers, d’Europe…  et donc de France.

Pour en savoir plus

Voir dossier Réussir Bovins Viande de juin 2015. RBV n°227, p. 18 à 31.
Au sommaire :
. p. 18 - Ambiance morose dans le Piémont.
Concurrence de la viande importée, montée en puissance de la grande distribution, nouvelle PAC... En Italie, la consommation de viande est mal orientée.
Les broutards blonds ont pris du poids.
. p. 25 - 1520 jeunes bovins par an sur 76 hectares.
Chez Mario Panero, président d'Asprocarne Panero.
. p. 28 - Olivero Mauro, naisseur-engraisseur de Piémontais.
Exemple de conduite de la race locale.
. p. 30 - Silvano Pecchio diversifie son offre et ses acheteurs.
Dans ses étables, des Piémontais et aussi d'autres races.

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