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Au Gaec du Bechamp dans la Marne
650 jeunes bovins engraissés par an

Le Gaec du Bechamp a doublé la capacité de son atelier d’engraissement, pour atteindre 400 places. L’occasion de rationaliser encore plus le travail, et les performances sont au rendez vous.

Philippe et Jérôme Coquin. Le doublement de la taille de l'atelier a généré des progrès techniques, des économies de charge et un gain de confort du travail.
Philippe et Jérôme Coquin. Le doublement de la taille de l'atelier a généré des progrès techniques, des économies de charge et un gain de confort du travail.
© S. Bourgeois

Jérôme Coquin, jeune éleveur, travaille avec son père Philippe et son oncle Eric Coquin en tant que salarié pour l’instant, et songe à s’installer. Son cousin les rejoindra peut-être sur l’exploitation dans quelques années, après ses études. C’est dans l’optique de cette arrivée, que depuis le printemps 2009, la capacité de l’atelier d’engraissement a été doublée. « Nous avons un bâtiment de 180 places datant de 1981 et nous avons décidé de construire un nouveau bâtiment de 220 places, raconte Philippe Coquin. Cela a été l’occasion de réfléchir à plusieurs points de fonctionnement de l’atelier. » Le nouveau bâtiment a été construit derrière et parallèle au premier, et une nouvelle installation de contention abritée avec quai de chargement, occupant l’équivalent de deux travées, dessert les deux bâtiments. Les éleveurs ont aussi rénové et agrandi les silos dallés et murés pour la pulpe surpressée de betterave, qui constitue l’essentiel du régime des jeunes bovins tout au long de leur engraissement, afin de limiter les pertes. La mélangeuse est la même qu’avant, mais désormais un seul repas est distribué par jour. Enfin au moment de la mise aux normes, une fumière bétonnée et une fosse pour récupérer les jus ont été prévues pour le bâtiment de 180 places, et un agrandissement a été réalisé pour les 220 places en sus. Les 400 places d’engraissement sont occupées en continu. «Toutes les trois semaines, le lundi, deux cases complètes soit quarante jeunes bovins finis montent dans les bétaillères et trois jours plus tard, le jeudi, quarante broutards arrivent sur l’exploitation », explique Jerôme Coquin. Depuis que le nouveau bâtiment fonctionne, ce rythme est tenu. Il permet de sortir 650 jeunes bovins par an avec 400 places en bâtiment.


UN TAUX DE ROTATION DE 1,7


A leur arrivée, les animaux sont homogènes en poids - pesant entre 350 et 370 kilos - mais peu importe leur couleur. Il s’agit de broutards originaires de la grande région Est, essentiellement Charolais, Aubrac, Salers ou croisés, mais jamais de race laitière. Les jeunes bovins ne sont jamais triés, que ce soit en cours d’engraissement ou pour partir à l’abattoir. « L’éleveur, l’organisation de producteurs et l’abatteur trouvent tous les trois leur intérêt dans ce fonctionnement », estime James Quentin, de l’organisation de producteurs Capéval. « Les risques au moment du tri dans les cases sont supprimés, et il n’y a pas de bataille entre jeunes bovins pour établir la hiérarchie. Cela évite aussi de laisser traîner les animaux sous-performants en finition. L’organisation de producteurs charge rapidement deux bétaillères pleines. Et l’abatteur dispose d’une panoplie d’animaux divers, ce qui facilite l’allotement commercial. » Le poids moyen à l’abattage est de 720 à 730 kilos. « Les croissances moyennes calculées à partir des poids de carcasse s’établissent autour de 1,7 kilo par jour. C’est l’un des meilleurs résultats obtenus parmi les adhérents de l’organisation de producteurs Capéval. »


DEUX RATIONS IDENTIQUES TOUTE L’ANNÉE


Le mode de distribution de l’alimentation est particulièrement efficace. Seulement deux rations différentes sont fabriquées chaque jour. La composition et la quantité quotidienne à fabriquer pour chacune de ces deux rations sont les mêmes toute l’année. La première est destinée aux jeunes bovins de 350 à 600 kilos, et la seconde pour les animaux plus lourds.Toute l’année, sont présents 240 animaux pesant entre 350 et 600 kilos et 160 animaux en finition. La seule chose qui change est, toutes les trois semaines, l’emplacement d’une des cases devant laquelle est à distribuer la ration de démarrage et celle de finition. « Cela permet de travailler très rapidement et très simplement, sans risque d’erreur de rationnement, et en même temps de rester suffisamment proche des besoins alimentaires de chaque case pour obtenir des croissances importantes », commente James Quentin. Les animaux entre 350 et 600 kilos ingèrent de 10 à 35 kilos de ration mélangée chacun. Les éleveurs fabriquent la ration sur la base de 27 kilos à distribuer par animal: 21,7 kilos de pulpe de betterave surpressée, 2,5 kilos d’un aliment complémentaire, 1,7 kilo de brisures de maïs et 1,10 kilo de paille. La ration de finition se compose pour sa part de 23,8 kilos de pulpe, 2 kilos de brisures de maïs, 2,8 kilos d’aliment complémentaire et 1,1 kilo de paille. Il n’est pas question de prendre le risque de changer de ration en cours d’engraissement. Beaucoup de coproduits sont disponibles dans la région, mais leur valeur alimentaire est variable pour un prix pas toujours si intéressant. De plus, cette ration est très économique. « Le coût alimentaire moyen sur les 400 animaux s’élève, à la mi-novembre, à 1,29 euro par jour et par animal. Nous étions à 1,19 euro avant la moisson et nous sommes plutôt habitués ici à des coûts de 1,10 à 1,15 euro. Et on s’attend pour cette campagne à une hausse de 15 à 20 % de la tonne de pulpe surpressée. Le régime pulpe reste cependant très compétitif », précise Philippe Coquin. Les éleveurs sont planteurs de betteraves et installés à 25 km de la sucrerie. Ils restent cependant vigilants car l’indexation de la pulpe sur le prix des céréales est un handicap. Un atelier de 400 places représente pour les éleveurs 2 000 heures de travail sur l’année, soit grosso modo le travail d’un salarié. Ni la quantité ou la pénibilité du travail, ni la rentabilité ou les conditions de marché ne dissuaderaient les éleveurs à agrandir leur atelier d’engraissement. Le frein principal à leurs yeux tient en fait à la lourdeur de la réglementation. Au-delà de 400 places, l’installation est soumise à autorisation. Cela représente des frais de dossier assez conséquents, de l’ordre de 15000 euros, et plusieurs années de procédure.



Chiffres clé

SAU: 270 ha dont 50 ha de betterave, 30 ha de pomme de terre de consommation, 35 ha de colza, et 155 ha de céréales.

400 places d’engraissement de jeunes bovins

95 truies en système naisseur-engraisseur, dont bâtiment et salariés sont gérés en Cuma avec d'autres éleveurs

3 unités de main-d’oeuvre

Temps de travail

Le travail d’astreinte est loin d’avoir doublé en même temps que la taille de l’atelier d’engraissement


Le temps de travail d’astreinte pour les bovins est loin d’avoir doublé avec la capacité de l’atelier d’engraissement. A leur descente du camion, les broutards reçoivent un traitement externe contre les strongles et sont vaccinés contre le virus RS, l’entérotoxémie et l’IBR. Ils ont aussi systématiquement un antibiotique et sont tondus sur une bande du dos. Le lot arrivé trois semaines auparavant reçoit à ce moment-là le rappel des vaccins. « Il faut compter 2 heures 30 de travail à l’arrivée d’un lot, estiment les éleveurs. « Le travail quotidien d’alimentation et paillage des 400 animaux nécessite 2 heures 30. » Il faut rajouter le travail de récolte de la paille, de curage et d’épandage du fumier. La porcherie a l’originalité d’être sous la forme d’une Cuma et fonctionne avec des salariés. Les membres du Gaec ont seulement la charge des travaux de nettoyage et la livraison des céréales.

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