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Crise dans l'élevage bovin
Les raisons de la colère

Alors que la hausse des charges et la fièvre catarrhale ont déjà fait de gros dégâts dans le rang des producteurs de viande bovine, la récente plongée du prix des vaches destinées à l’abattage est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Le flux des laitières de réforme s'est considérablement accru cet automne. Elles avaient été maintenues l'an dernier dans les élevages pour répondre à la demande de lait
Le flux des laitières de réforme s'est considérablement accru cet automne. Elles avaient été maintenues l'an dernier dans les élevages pour répondre à la demande de lait
© F. Mechekour

Vraiment pas bon, pour ne pas dire catastrophique. Fin novembre, le prix des vaches de réforme n'a cessé de plonger. Cette très mauvaise conjoncture est d’abord liée à la chute des cours des laitières de réforme qui entraîne dans son sillage celui des allaitantes. Avec un marché d’autant plus encombré que les volumes de consommation de viande bovine sont depuis quelques mois annoncés en baisse sensible sous l’effet de la restriction du pouvoir d’achat d’une partie des Français. Le tout accentué par le climat de morosité ambiante qui incite bien des consommateurs à restreindre leur budget alimentation. Mi-novembre, d’après les cotations de l’Office de l’élevage, le prix de la vache R était passé nettement sous le seuil des 3 euros, soit près de moins 10 % par rapport à sa cotation de l’an dernier à la même époque. Le décrochement était encore plus sensible pour la vache O dont les tarifs dégringolent en un an bien au-delà des 15 % de baisse. « Les éleveurs laitiers avaient conservé beaucoup d’animaux pour profiter de la bonne conjoncture sur les produits laitiers, au cours des mois passés. Et maintenant que le prix du lait est orienté à la baisse, les vaches de réforme laitières deviennent de plus en plus nombreuses », expliquait Philippe Chotteau, agro-économiste à l’Institut de l’élevage à l’occasion d’une journée « viande bovine » dernièrement organisée par la FDSEA de Haute-Loire.

Abondance de laitières

Plus de 145 000 vaches ont été abattues sur le mois de septembre, soit quelque 10 000 têtes de plus que l’an dernier. Pour les deux mois suivants, la tendance devrait être identique, mais les chiffres exacts n’étaient pas encore connus à l’heure du bouclage de ce numéro. Ces gros volumes d’abattage devraient se poursuivre. D’après les chiffres de la Base de données nationale d’identification (BDNI), comparativement à l’an dernier, il y avait au premier septembre 107 000 femelles supplémentaires âgées de plus de 36 mois. Les économistes du bétail s’attendent donc à la poursuite de cette abondance de vaches de réforme disponibles sur le marché, tout au long du premier trimestre de l’année à venir. Tout laisse à penser qu’il ne faut pas s’attendre à une baisse sensible des apports de laitières de réforme avant la fin de l’actuelle campagne laitière, le 31 mars prochain. La tendance est identique dans les autres grands pays européens où le prix du lait est annoncé partout à la baisse.

Taux de vaches vides supérieur à la normale

Toujours du côté des femelles de réforme, mais allaitantes cette fois, de grosses incertitudes pèsent sur les volumes à venir. De nombreux bruits de couloir font état d’un taux de vaches vides très sensiblement supérieur à la moyenne d’une année dite « normale ». La fièvre catarrhale est bien souvent incriminée, avec probablement l’effet aggravant de la mauvaise qualité des fourrages utilisés au cours de l’hivernage 2007/2008 et par conséquent des mises à la reproduction quelque peu « chaotiques » le printemps dernier. « La Nièvre serait très touchée par ce phénomène. Dans ce département, il y a des exploitations qui après fouille des animaux ont entre 25 et 30 % de vaches vides à l’entrée de l’hiver. On a malheureusement pas de statistiques précises sur ce phénomène. Il faut donc être très prudent. Les EDE de Bourgogne ont mission de suivre de près l’évolution des taux de réforme etde mise-bas dans les semaines et mois à venir, pour mieux appréhender ce phénomène », expliquait Jean-Pierre Fleury, vice-président de la Fédération nationale bovine et éleveur en Côte d’Or, à l’occasion de cette journée en Haute-Loire.

Relatif maintien du JB en novembre

Si le prix des vaches a plongé en novembre, celui des jeunes bovins s’est relativement bien maintenu malgré une tendance à l’effritement en fin de mois. Leurs tarifs de ce début d’automne ont été soutenus par le dynamisme des ventes vers l’Italie. Ce regain d’activité de l’export est tombé à pic compte tenu de l’accroissement des volumes produits dans les ateliers français, cette année. Une hausse qui devrait avoisiner 6 % comparativement aux chiffres de 2007. Nos exportations de viande bovine vers l’Italie ont donc profité de la baisse de production dans ce pays et de la quasi-absence des viandes brésiliennes, compte tenu de l’actuel embargo. En effet, rappelons qu’il a enfin été mis en place par l’Union européenne, une procédure d’agrément pour s’assurer que les fermes brésiliennes qui produisent les animaux dont la viande est destinée au marché européen respectent les règles demandées sur l’identification et la traçabilité.

Hausse quasi-ininterrompue des coûts de production en 2008

Avec la baisse du prix de vente des animaux, la hausse régulière des charges ces derniers mois est le second aspect qui va amputer le revenu des producteurs de viande bovine pour l’année qui s’achève. « Globalement, le revenu d’un éleveur spécialisé a diminué de 25 % l’an dernier et l’on s’attend à une baisse supplémentaire de 25 % cette année. On a ramené l’impact économique de la hausse des charges à la vache vêlée et cela représente entre 140 et 150 euros par tête. Si on multiplie ce chiffre par les 4 millions de vaches allaitantes présentes sur le territoire français, cela signifie que la hausse des charges a coûté 600 millions d’euros aux producteurs spécialisés », explique Jean-Pierre Fleury. Si l’on ajoute à ce chiffre, la baisse du prix des bovins en tablant alors sur une perte sèche moyenne de 100 euros par tête de bétail vendue, la perte s’élève à 400 millions d’euros pour les animaux issus du cheptel spécialisé. « Cela représente au total une ardoise d’un milliard d’euros pour 2008. »

Par ailleurs, l’étude de l’évolution dans le temps des différents coûts de production est suivie par un Indice des prix d’achat des moyens de production agricole (IPAMPA) calculé par l’Institut de l’élevage. Il a pour objectif de donner en temps réel l’évolution du prix des intrants utilisés dans les exploitations. Il est calculé pour les principales catégories de ruminants et la pondération des différents postes dans la constitution des indices est fixe et spécifique à chacune des productions. Les indices de prix élémentaires sont ceux publiés mensuellement par l’Insee, excepté pour le poste des aliments du bétail qui est recalculé et tient compte des spécificités de chaque production. « En septembre, l’Ipampa viande bovine est en hausse de 12,7 % », précisait Philippe Chotteau. Pour les trois derniers mois de l’année, la baisse du prix du pétrole et des matières premières végétales laisse espérer une diminution du coût du fioul et de l’aliment du bétail et donc un coup d’arrêt à la tendance inflationniste de cet indice.

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