Aller au contenu principal

Michel Azan
« Sélectionner en fonction d´objectifs économiques »

En retraite depuis le 31 décembre, Michel Azan, ancien directeur de Midatest, souligne son attachement aux programmes collectifs d´amélioration génétique. Et se livre à un petit exercice de prospective.


Y a-t-il suffisamment de concertation entre les créateurs et les utilisateurs du progrès génétique ?
Michel Azan - Nous, unités de sélection, cherchons à trier les meilleurs reproducteurs en fonction d´une demande exprimée par les producteurs de viande. Notre rôle est de répondre le mieux possible à cette demande même si elle peut être différente de celle exprimée par une partie des éleveurs sélectionneurs. Le problème de nos structures de statut coopératif est de faire remonter l´intérêt collectif et de sélectionner des taureaux correspondant aux objectifs économiques définis par les producteurs de viande.
Si le nombre des IA venait à stagner comment amortir le coût des programmes de sélection ?
M. A. - Si le diviseur constitué par le nombre de vaches inséminées n´augmente pas, le coût du programme va rester constant, voire augmenter compte tenu de la demande d´informations plus précises pour l´évaluation des taureaux. Or il sera difficilement envisageable de répercuter cette augmentation sur les IA vendues aux éleveurs. Il ne reste ensuite que deux possibilités : soit compresser les charges liées à l´évaluation et on touche alors aux fondements même de ces programmes. L´autre possibilité est de les valoriser par les exportations de génétique.
N´y a-t-il pas un risque d´auto-concurrence à exporter ainsi le meilleur de notre génétique ?
M.A. - Cette remarque est vraie pour tout savoir-faire. Le problème est d´arriver à exporter tout en conservant les moyens techniques et les investissements nécessaires pour continuer à réaliser du progrès génétique. Il ne s´agit donc pas d´avoir seulement la génétique d´un animal donné. Il faut également avoir les compétences technologiques pour l´estimer et un schéma de sélection organisé et fiable afin de pouvoir la détecter. Ce que nous possédons en France grâce à la loi sur l´élevage de 1966.
Nous devons donc tout faire pour maintenir nos schémas de sélection qui permettent d´apprécier de façon objective et précise le potentiel des reproducteurs. Mais en matière d´exportations de génétique, les grandes compétitions se font surtout sur le lait et notamment sur la Holstein. Or, nous avons d´autres races avec des formats et des aptitudes variés. C´est le cas des rustiques, qu´elles soient laitières ou allaitantes. Nous avons des produits à vendre avec peu de compétiteurs en face. Nous avons également la possibilité de proposer notre savoir-faire en matière de sélection en le vendant pour sélectionner d´autres races adaptées à d´autres pays.

Dans les années à venir, comment voyez-vous évoluer nos modèles de production en système allaitant ?
M.A. - Tout dépendra des possibilités de produire une viande qui puisse se démarquer de la viande « laitière » en occupant des créneaux bien valorisés par les démarches qualité. Quel sera le volume qu´apporteront ces différentes niches ? Quelle part prendra la vente directe dans un tel contexte ? Les démarches qualité reposeront-elles sur la notion de race ou de région de production ? L´ensemble des races à viande représente sans doute un volume trop important pour espérer valoriser tous les effectifs dans une telle optique. La valorisation actuelle de la Charolaise compte-tenu de ses volumes reflète déjà cette situation. La Blonde est elle aussi arrivée à un seuil. Ces animaux lourds et de grands formats continueront-ils à répondre aux exigences des marchés ? Cela amène à se poser des questions. Pour leur entretien et leur finition, ces races demandent des proportions importantes de céréales.
Va-t-on redécouvrir qu´une vache allaitante est d´abord faite pour manger de l´herbe ?
D´autres modèles de production existent à partir de races rustiques, souvent utilisées comme support de croisement avec de faibles taux de renouvellement. Elles sont bien adaptées à la valorisation de l´herbe en utilisant de grandes surfaces. Ce qui leur donne une image de « naturel » sans avoir les impératifs alimentaires des races à grand format. L´Aubrac est passé de 50 000 vaches dans les années 70 à plus de 100 000 aujourd´hui. Ce modèle de production a donc sa place avec une vache qui à l´entretien coûte le moins cher possible, se déplace bien, vêle bien et ne nécessite que peu de main-d´ouvre.
EN BREF
Basée à Soual dans le Tarn, l´Union Midatest est très impliqué dans la sélection des races laitières et allaitantes (douze au total). Pour ces dernières, Midatest est responsable seul ou en partenariat des programmes d´amélioration génétique des races Blonde d´Aquitaine, Limousine (dans le cadre du GIE France Limousin Testage), Excellence Charolais (avec l´UCEAR), Inra 95, Bazadaise, Aubrac et Gascon.

Les plus lus

Nicolas Viel élève 60 charolaises en bio en système naisseur sur 105 hectares de prairies. Il travaille seul mais peut compter sur le soutien de sa mère Catherine, qui ...
Installation en bovins viande : « J’ai dû adapter mon projet bâtiment au contexte économique »

Au moment de son installation en 2021, Nicolas Viel, éleveur de charolaises dans le Calvados, s’est lancé dans un projet de…

Photo de Minette et Rafael, champions du concours de la race Blonde d'Aquitaine, et de leurs éleveurs
SIA 2024 : retrouvez la vidéo et le palmarès du concours de la blonde d'Aquitaine au Salon de l'Agriculture

Ce 29 février 2024, quarante animaux de race blonde d'Aquitaine on défilé sur le grand ring du Salon de l'Agriculture à l'…

SIA 2024 : retrouvez la vidéo et le palmarès du concours de la race salers au Salon de l'Agriculture

Ce mercredi 28 février 2024 s'est déroulé le concours de la race salers au Salon de l'Agriculture. Sur le ring principal, dix-…

SIA 2024 : retrouvez la vidéo et le palmarès du concours de la race aubrac au Salon de l'Agriculture

Le mercredi 28 février 2024 s'est déroulé le Concours Général Agricole de la race aubrac. Vingt animaux étaient en compétition…

SIA 2024 : retrouvez la vidéo et le palmarès du concours de la race limousine au Salon de l'Agriculture

Ce jeudi 29 février 2024 au Salon de l’Agriculture, le grand cru de la race limousine a été exposé sur le grand ring pour le…

video live concours bovins salon de l'agriculture 2024
Vidéo : revisionnez les concours des races allaitantes en direct au Salon de l'Agriculture 2024

Retrouvez ici le replay des rings du Salon International de l'Agriculture (Sia) 2024 à Paris et visionnez le Concours Général…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site bovins viande
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière bovins viande
Consultez les revues bovins viande au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière bovins viande