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Pollutions d´origine agricole
En France, 18 % des gaz à effet de serre sont dus à l´agriculture

L´Inra a fait le point sur l´émission de gaz à effet de serre liée aux activités agricoles en France. Le protoxyde d´azote représente environ 56 % des émissions de gaz à effet de serre dues aux activités agricoles en France(1) contre 33 % pour le méthane et 11 % pour le dioxyde de carbone.


Le protoxyde d´azote en première ligne
La production du protoxyde d´azote est essentiellement due à l´activité des bactéries dites « dénitrifiantes » du sol. Ces bactéries transforment des ions nitrate (NO3-) en gaz azote (N2) et le protoxyde d´azote est un composé intermédiaire de cette réaction. D´autre part une partie de ces mêmes bactéries dénitrifiantes détruit le protoxyde d´azote. Les émissions dans l´atmosphère dépendent du bilan entre les quantités produites et les quantités détruites. Le protoxyde d´azote est également fabriqué, mais en quantités beaucoup moins importantes, au cours de la réaction de nitrification (transformation des ions ammonium NH4+ en ions nitrate NO3-).
Les chercheurs de l´Inra ont montré que les quantités de protoxyde d´azote émises dans l´atmosphère sont liées de façon forte aux quantités d´azote épandues sur les sols sous toutes les formes : nitrates, ammonitrate, urée, ou azote organique des fumiers et lisiers (le reste provient essentiellement du stockage des déjections). « Plus la teneur en nitrates du sol est élevée, plus les émissions sont importantes. » Mais elles sont aussi très irrégulières selon les types de sols, les cultures et les années.

Quelques points de repères peuvent être avancés : « pour un même sol, les émissions sont croissantes pour les quatre utilisations suivantes : jachère enherbée, sol nu, colza normalement fertilisé, colza surfertilisé », expliquent les chercheurs de l´Inra. Ces facteurs que l´on sait jouer sur l´importance des émissions de protoxyde d´azote sont plus ou moins contrôlables. « Trois stratégies principales sont possibles pour limiter les émissions », estime Jean-Claude Germon de l´Inra de Dijon. « La première est de réduire l´excès de fertilisants azotés sur les cultures et les prairies et d´apporter l´azote au moment où les cultures sont à même de l´absorber rapidement. » Une autre voie est de limiter l´engorgement des sols. En effet l´état hydrique du sol est déterminant dans l´intensité des émissions de N2O : plus le sol est saturé en eau, plus l´activité dénitrifiante est intense et les émissions de protoxyde d´azote importantes. Troisièmement, certains sols présentant les caractéristiques les plus favorables aux émissions pourraient être affectés à des usages non agricoles, en particulier la reforestation.
©Inra Clermont-Ferrand/Theix


Le méthane éructé par les bovins contribue à l´effet de serre
Le méthane est un gaz à puissant effet de serre que tous les ruminants émettent par éructation. Il est produit dans leur rumen au cours de la fermentation des aliments. On sait que les aliments concentrés sont moins méthanogènes que l´herbe pâturée et les fourrages conservés. Une expérimentation est en cours à l´Inra de Clermont-Ferrand-Theix pour apporter des informations sur des conduites d´élevage les moins polluantes en terme de production de méthane, ramenée à l´unité de surface herbagère ou à la production de viande (ou de lait).
Il faut savoir qu´en Nouvelle-Zélande, la pollution par le méthane a peut-être trouvé une application réglementaire. Il a été décidé d´imposer en 2004 une taxe sur la production de méthane par le bétail, qui devrait servir à faire fonctionner un laboratoire de recherche sur les émissions de gaz agricoles. Ceci n´est pas du tout du goût des éleveurs néo-zélandais. La Nouvelle-Zélande abrite quelque 45 millions de moutons et 9,6 millions de bovins et leurs émissions de méthane représentent 50 % des gaz à effet de serre qu´émet ce pays et qu´il s´est engagé à réduire.

Les prairies rendront plus avec l´air enrichi en CO2
L´augmentation de la teneur en dioxyde de carbone (CO2) de l´atmosphère et de la température vont modifier le fonctionnement des prairies. En effet, le dioxyde de carbone est un gaz à effet de serre mais c´est aussi le gaz à partir duquel les plantes fabriquent leur tissus grâce à la photosynthèse. « La teneur de l´atmosphère en dioxyde de carbone a augmenté de 30 % au cours des cent dernières années, et pourrait doubler durant le siècle à venir. Nous avons étudié quel pourrait être l´effet de cette modification de l´atmosphère sur une prairie du Massif Central, les autres conditions climatiques restant inchangées », explique Jean François Soussana du département environnement et agronomie de l´Inra à Clermont-Ferrand-Theix. Cette expérimentation a montré qu´avec un doublement du taux de CO2, les plantes accumulent davantage de sucres solubles qu´actuellement et la valeur énergétique de l´herbe en est améliorée. Par contre, sa teneur en matières azotées diminue. Autre effet, les plantes de la famille des graminées ont tendance à régresser au profit des légumineuses, ce qui balance sur le long terme la baisse de teneur en matières azotées.

Des modélisations réalisées par Météo France ont montré d´autre part qu´un doublement du taux de CO2 entraînerait dans le Massif central une augmentation des températures moyennes de 2ºC sans modification de la pluviométrie. Ces conditions pourraient conduire à une augmentation du rendement des prairies de 20 % et autoriseraient trois semaines supplémentaires de pâturage par an. « L´impact de ces changements climatiques sur les systèmes d´élevage, bien que difficile à prévoir avec précision, serait donc loin d´être négligeable. »
L´étude du cas de la production de blé dans le sud-est de la France, par une autre équipe de l´Inra à Avignon, a montré que ces mêmes causes produiraient un raccourcissement du cycle de la culture d´environ trois semaines, sans impact en moyenne sur le rendement (plus ou moins 10 % selon les situations) mais avec une baisse nette de la teneur en protéines. « Une adaptation des variétés cultivées et des calendriers de fertilisation s´avèrera nécessaire. »

Le protoxyde d´azote et le méthane sont considérés comme des gaz à effet de serre significatifs même si leur importance est moindre que celle du dioxyde de carbone (liée à la combustion des énergies fossiles). « Le méthane a une durée de vie dans l´atmosphère de vingt et un ans contre plus de cent ans pour le dioxyde d´azote. Et à volume égal, il a un pouvoir de réchauffement vingt fois plus important que le dioxyde d´azote. Donc une réduction des émissions de méthane aura des répercussions plus rapides sur le réchauffement de la planète qu´une diminution des rejets de dioxyde de carbone », explique l´Inra. Au niveau du territoire français, la part de l´agriculture dans les émissions de protoxyde d´azote, méthane et dioxyde de carbone est estimée à globalement 18 %.

. Les émissions de protoxyde d´azote due aux activités agricoles =
- 69 % du total des émissions françaises de protoxyde d´azote
- 56 % du réchauffement en France lié à l´agriculture
. Les émissions de méthane par la digestion des ruminants =
- 58 % du total des émissions françaises de méthane
- 33 % du potentiel de réchauffement en France lié à l´agriculture
- 20 % de la production totale de méthane à l´échelle mondiale. Les rizières sont une autre source importante.
. Les émissions de dioxyde de carbone due à la consommation d´énergie de l´agriculture (carburants des tracteurs, etc.) =
- 11 % du total des émissions françaises de dioxyde de carbone
- 11 % du potentiel de réchauffement en France lié à l´agriculture

(1) Pour le CO2, ces données ne comptabilisent que les émissions dues à la consommation d´énergie. Elles ne tiennent pas compte du bilan entre le stockage et le déstockage du CO2 dans les sols agricoles et dans le bois sur pied.

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