Tendre vers la transparence de la rémunération et de l’origine : rêve ou réalité ?
Comment doit-on considérer la transparence en matière de rémunération et d’origine dans le secteur de l’alimentation ? Est-elle une vertu ou une contrainte ? Retours d’expérience, notamment de Biocoop et Écomiam lors des assises de l’alimentation.
Comment doit-on considérer la transparence en matière de rémunération et d’origine dans le secteur de l’alimentation ? Est-elle une vertu ou une contrainte ? Retours d’expérience, notamment de Biocoop et Écomiam lors des assises de l’alimentation.
Pour Daniel Sauvaget, président fondateur des magasins de produits surgelés Écomiam (une soixantaine de points de vente dans l’Arc Atlantique), « la transparence n’est pas une valeur mais un moyen de rétablir la confiance », lors des assises de l’agriculture et de l’alimentation, le 25 novembre dernier. Cette confiance, c’est celle des agriculteurs envers leurs partenaires lorsqu’on parle de transparence de la rémunération, et la confiance des consommateurs dans la provenance des produits ou des ingrédients qui composent un plat préparé.
Transparence des industriels sur les ventes
Le paradigme n’est pas aisé à constituer. On l’a vu dans toutes les réunions qui se sont déroulées dans les années 2020 avec les différents maillons des filières dans le sillage de la loi EGALIM, explique en substance Véronique Le Floc’h, ex-présidente de la Coordination Rurale, éleveuse laitière dans le Finistère. « On manquait d’informations de la part des industriels sur la valeur des co-produits et de leurs ventes à l’exportation », dit-elle. C’est en effet de la valorisation des produits de grande consommation et ingrédients laitiers, en France et à l’export, que les laiteries déterminent le prix du lait payé à leurs livreurs.
En comté, transparence de l’origine et de la rémunération
En zone AOP Comté, la transparence a été érigée en totem sur les deux items : l’origine avec son cahier des charges strict qui encadre la production de 340 livreurs de lait, et la rémunération. « Juramonts Comté, l’union des dix-sept fruitières des départements de l’Ain, du Doubs, du Jura travaille en lien direct avec la société d’affinage, explique sa directrice Catherine Gaubert. Je suis présente au directoire de cette société et j’ai un regard sur le prix et la mise en marché ».
Biocoop et Écomiam, l’origine France en étendard
Chacun à leur manière, les distributeurs Écomiam et Biocoop tentent de s’approcher de cette transparence érigée en vertu en revendiquant une offre massivement française. Écomiam travaille exclusivement des produits français. Pour chaque produit, il décompose le prix consommateur sur une étiquette : prix payé au fournisseur, sa marge et la TVA. Biocoop, lui, renforce la transparence de ses produits en jouant la carte du logo Origin’Info (collectif En Vérité) qui renseigne le client sur l’origine des trois principaux ingrédients d’un produit transformé. « 100 % de nos produits Biocoop seront estampillés du logo au premier trimestre 2026 », explique Philippe Bernard, directeur de l’offre de la coopérative Biocoop. Il ajoute que cette stratégie l’incite à relocaliser en France des filières (graines de moutarde notamment) de produits jusqu’à présent importés.
Les importations plombent l'agriculture française
Reste que dans une économie alimentaire où la guerre des prix fait rage depuis des années, la transparence peut être considérée comme un obstacle. « Les enseignes faisant payer à l’industriel les coûts d’animation, c’est toujours l’agriculteur qui trinque au final », déplore Daniel Sauvaget. L’accroissement des importations de certains produits tire également les prix vers le bas. La transparence n’est-elle alors qu’une ligne d’horizon qu’on perçoit sans jamais l’atteindre ?