Où en sont les filières laitières en Afrique ?
La production laitière africaine croît, mais pas aussi vite que la demande en produits laitiers. Les importations augmentent, mais certains pays africains parviennent à satisfaire les besoins de leur population.
La production laitière africaine croît, mais pas aussi vite que la demande en produits laitiers. Les importations augmentent, mais certains pays africains parviennent à satisfaire les besoins de leur population.
Le baromètre laitier 2025 de l'Afrique vise deux objectifs. Pour les Africains, il s'agit de mieux connaître les filières des différents pays et les équilibres de marchés pour construire leurs stratégies. Pour les Français et les Européens, il s'agit de changer de regard sur les débouchés en Afrique. L'objectif serait de passer d'une logique de débouchés pour des excédents peu valorisés à une logique de relations commerciales plus durables. Pourquoi exporter surtout de la poudre de lait et/ou des poudres réengraissées en matière grasse ? Le Baromètre de l'Afrique est le fruit d'un partenariat entre la fondation Farm, l'Afdi et la Pafo.
La Nouvelle-Zélande est le plus gros fournisseur de l'Afrique, avec des envois de poudres de lait. Plusieurs pays européens (France en tête, Pays-Bas, Irlande, Pologne, puis Allemagne) sont des fournisseurs privilégiés avec des envois de poudres : de lait écrémé, réengraissées en matière grasse végétale, de lait entier et recettes infantiles.
Un potentiel de production fragilisé par le changement climatique
La production laitière africaine (lait de vache, bufflonne, chèvre, brebis, chamelle) a augmenté en dix ans, passant de 45,5 à 53,2 millions de tonnes entre 2013 et 2023 (1). Si le continent abrite 20% du cheptel bovin mondial, il ne produit que 5% du lait. Le potentiel de hausse de la productivité laitière est donc important.
Mais la croissance de la production laitière semble avoir atteint un pallier entre 2020 et 2023. Le changement climatique, avec des sécheresses ou des pluies diluviennes, fragilise les élevages. Au Maroc, la production laitière a ainsi diminué entre 2020 et 2022. La sécheresse de 2020-2023 au Kenya a provoqué la mort de plus de 2 millions d’animaux d’élevage. Autre contrainte : la pression foncière défavorise l'élevage traditionnel au profit des cultures et de l'urbanisme.
Une forte croissance démographique alimente la hausse de la demande
La croissance de la production ne suffit pas à répondre à la hausse de la demande, qui est alimentée essentiellement par la croissance démographique. La population africaine est passée de 1,15 milliard en 2013 à 1,48 milliard en 2023. D’après les prévisions de l’ONU, l’Afrique comptera près de 2,5 milliards d’habitants d’ici 2050, soit 25 % de la population mondiale.
Certains pays parviennent à l'autosuffisance
Si beaucoup de pays sont déficitaires en lait, certains parviennent quasiment à un équilibre entre l'offre et la demande. L'Afrique de l'Est (48% du lait africain) tire la croissance de l'offre, avec +26% entre 2013 et 2023. Dans cette zone, plusieurs pays affichent un rapport production/consommation quasiment à l'équilibre (Éthiopie, Soudan du Sud, Burundi, Malawi, Kenya), et l'Ouganda est même excédentaire et exporte vers ses voisins. En Ouganda, la filière laitière fait l’objet d’une planification gouvernementale qui met l’accent sur l’investissement dans l’agro-industrialisation depuis 2015.
La fondation Farm estime ainsi qu'il y a des marges de progrès pour la production laitière et la transformation de produits laitiers, avec le développement des infrastructures (logistique, chaîne du froid) et des actions pour soutenir les productions locales fortement concurrencées par les poudres étrangères.
L'importance des groupes multinationaux installés en Afrique
Face à la croissance de la demande de produits laitiers en Afrique, le développement industriel de la filière (infrastructures pour la collecte, accès à l'énergie pour assurer le respect de la chaîne du froid, etc.) est un enjeu stratégique qui repose en partie sur les investissements de multinationales : Arla Foods, FrislandCampina, Danone, Lactalis, Nestlé, qui sont déjà implantées en Afrique.
Le développement d'une filière laitière en Afrique dépendra également des politiques publiques et des partenariats internationaux. Ces investissements peuvent jouer un rôle catalyseur dans le renforcement des infrastructures, le progrès génétique, la structuration des filières.
Chiffre clé
Huit pays produisent 67% du lait du continent. Par ordre décroissant, ce sont l’Égypte, le Kenya, l’Éthiopie, le Soudan, la Tanzanie, l’Afrique du Sud, le Soudan du Sud et l’Algérie.