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Conserver longtemps une prairie de qualité en six points

Lors de l’exploitation de la prairie, une somme de petites choses joue sur sa productivité et sa pérennité.  

Voici les points de vigilance lors de l'exploitation de la prairie pour qu'elle puisse rester productive au fil des ans.

1 – Ne pas exploiter l’herbe trop ras

Le surpâturage ou la fauche trop rase peuvent conduire à la dégradation de la prairie. La base de la tige de la graminée est l’organe de réserve de glucides de la plante. Elle puise dans ces réserves lorsque les feuilles ont été mangées ou coupées pour refaire de nouvelles feuilles. Une fauche trop rase ou le surpâturage réduit l’organe de réserve de la plante et souvent la plante se nanifie et perd son potentiel de production. Le redémarrage trop lent des fourragères laisse alors la place aux adventices (pissenlit, renoncule…). Les seuils à respecter sont au moins 5 cm au pâturage, 8 cm à la fauche.

2 – Ne pas sous-pâturer

Faire pâturer l’herbe trop haute ou laisser trop d’herbe avant l’hiver sont des facteurs de dégradation. Tant que la feuille est attachée à la plante mère, celle-ci est imputrescible, jaunit, fane et nuit au redémarrage de la plante au printemps. Avant l’hiver, il vaut mieux viser 5 cm de hauteur d’herbe, sachant que l’hiver peut être poussant, comme ce fut le cas pendant l’hiver 2019-2020.

Au printemps, si les conditions climatiques sont très poussantes et que l’on a trop d’herbe que l’on ne peut pas faucher à cause d’un temps trop humide, on fait pâturer au fil pour éviter le gaspillage d’herbe, les refus, et éviter d’abîmer le sol avec le piétinement des animaux.

3 – Assurer le renouvellement des talles

Si une graminée peut vivre plusieurs années, une talle possède une pérennité de 14 à 16 mois. Et si elle ne peut renouveler ses talles, la plante disparaît. Dès que l’herbe fait 15 cm, le pied de la plante ne reçoit plus de lumière et la plante ne talle plus.

Le déprimage de sortie d’hiver est préconisé pour que les graminées tallent, faire de la lumière aux légumineuses, homogénéiser la végétation. On dit bien que les parcelles les plus belles sont celles qui ont été déprimées. Si la portance des sols est limitante, on peut sortir progressivement ses animaux : les taries d’abord, les laitières quelques heures…

Pour favoriser le tallage, l’herbe doit être régulièrement exploitée.

4 – Éviter un déséquilibre de fertilisants

Une tonne de matière sèche, c’est 25 unités d’azote, 8 de phosphore et 28 de potasse. Pour que les fourragères expriment leur potentiel, il ne faut pas de facteurs limitants. Il faut faire un bilan concernant la fumure, qui doit tenir compte de la présence de légumineuses, de la restitution par les déjections animales et les effluents d’élevage. Pour le pH, l'objectif est d’être supérieur à 6-6,2, qui est le seuil du bon développement du trèfle blanc.

5 – Éviter le piétinement

L’aménagement parcellaire a son importance pour éviter le piétinement : la taille des paddocks et leur disposition, la qualité des chemins, une entrée et une sortie pour chaque parcelle, des abris suffisants et dispersés pour éviter l’accumulation d’animaux sous le seul arbre de la parcelle, des abreuvements bien répartis sur zone stabilisée et à distance de l'entrée. S’il faut drainer ou curer un fossé, il faut se renseigner sur les conditions règlementaires auprès de la DDT car le sujet est très réglementé.

6 – Favoriser l’activité biologique du sol

Dans le sol, il existe une vie essentielle pour recycler la matière organique : bactéries, champignons, vers de terre. Leur biologie peut être altérée par un engorgement en eau et une asphyxie, par une accumulation de mulch qui réduit les échanges entre l’air atmosphérique et l’air du sol, par un pH trop bas, par un tassement excessif, par trop d’ombre (versant nord, haie, arbres).

Pour remédier à l’excès d’eau, et améliorer la circulation de l’eau, les opérations de drainage et de curage sont réglementées, donc renseignez-vous bien.

La circulation de l’eau est souvent gênée par des bourrelets de curage (bord des cours d’eau). On peut alors réaliser des rigoles de 20 cm à l’aide d’une machine.

Pour casser un mulch qui s’est accumulé en surface et fait couverture asphyxiante, on peut passer une herse sur la prairie. Cette action va aérer le sol et les microorganismes vont alors pouvoir reprendre leur travail.

Le hersage, en aérant le sol, favorise les vers de terre. Réalisé à 3-4 cm, il ne déstructure pas le sol. Toutefois, comme les vers de terre sont perturbés par le travail du sol, on considère qu’un bon compromis est de ne pas herser plus de deux fois dans la saison : une fois au réveil de la végétation et une autre fois en été, pour limiter le développement des plantes à stolons (agrostide stolonifère par exemple), pour favoriser la minéralisation et étaler les bouses.

Mise en garde

Certaines pratiques sont défavorables à la pérennité des prairies :

° rouler sur l’herbe gelée ;
° épandre du fumier trop jeune ou mal émietté ;
° laisser des boules de foin ou d’enrubannage trop longtemps dans la parcelle

L'importance de l'implantation

Préparation du sol, éparpillement du semis, roulage... jouent sur le taux de levée et le salissement de la parcelle.

Choisir la bonne période : un sol réchauffé, un peu d’humidité, et la probabilité de ne pas avoir de gelée tardive ou de « coups de sec » le mois qui suit le semis.

Maintenir un sol tassé en profondeur pour favoriser la remontée de l’eau par capillarité, et un sol ameubli sur les 5 à 10 cm, et surtout aplani en surface pour mieux gérer la profondeur du semis : 1 cm.

Semer de façon éparpillée est idéal par rapport à semer en ligne, car cette répartition permet aux fourragères de mieux dominer les adventices ; mais c'est plus difficile à réaliser, surtout pour gérer la dose de semis. En cas de semis en ligne, le semoir doit être réglé pour un espacement le plus resserré possible, inférieur à 8 cm. Pour un aspect éparpillé, on peut semer en deux passages croisés. Cette option peut être prise pour semer des mélanges graminées–légumineuses.

Rouler après le semis, pour que toutes les graines soient légèrement enterrées et éviter des pertes à la levée. Rouler favorise le contact terre-graine et l’ancrage des racines des jeunes plantules. Lors de la levée, il faut favoriser le tallage, aussi pour éviter les adventices. Pour cela, on peut à nouveau rouler ou passer un coup de broyeur.

Respecter les doses de semis préconisées : ni trop, ni trop peu. Le repère est de mille graines par mètre carré, ou plus selon les poids de mille grains des espèces choisies. Si le semis est trop dense, les plantes sont en concurrence avec elles-mêmes et tallent peu. Si le semis n’est pas assez dense, il y a un risque d’invasion par les adventices et d’une moindre production fourragère. Et si la parcelle se salit peu, les graminées ont tendance à faire des touffes.

Comme lors d’un semis de pelouse, celle-ci devient belle après la première tonte !

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